Attentats de Bruxelles : le gouvernement belge a-t-il commis des erreurs dans le suivi d'Ibrahim El Bakraoui ?
Le kamikaze de l'aéroport de Bruxelles a été expulsé deux fois par la Turquie et les autorités turques auraient averti la Belgique que le jeune homme était un candidat au jihad.
Après le recueillement, le temps des explications. Le ministre de l'Intérieur belge, Jan Jambon, a reconnu, jeudi 24 mars, des "erreurs" dans le suivi d'Ibrahim El Bakraoui, l'un des kamikames de l'aéroport international de Bruxelles-Zaventem. Le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice, Koen Geens, ont proposé leur démission au Premier ministre Charles Michel, qui les a refusées. Francetv info revient sur ces erreurs, possibles ou avérées, commises par le gouvernement belge dans cette affaire.
Ibrahim El Bakraoui était en liberté conditionnelle
Le nom d'Ibrahim El Bakraoui est connu de la justice belge. En 2010, il est jugé coupable de tentative de meurtre et condamné à 9 ans de prison, pour avoir tiré sur des policiers à la kalachnikov après un braquage. Un juge d'application des peines lui accorde sa libération conditionnelle en 2014, malgré un "avis négatif de l'administration pénitentiaire", précise Le Soir.
Parmi les conditions de sa libération, Ibrahim El Bakraoui n'a pas le droit de séjourner plus de 30 jours à l'étranger et doit s’entretenir tous les mois avec l’assistant de justice. Mais à partir de juin 2015, il disparaît, rate des rendez-vous avec l'assistant de justice et ignore un rappel officiel. Il est arrêté à Gaziantep, en Turquie, le 15 juin, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière syrienne et expulsé vers les Pays-Bas, un mois plus tard.
La justice belge constate qu’il ne respecte pas les conditions de sa libération et émet un signalement national fin août. "Malgré cela, El Bakraoui a pu courir dans la nature jusqu’à ce sinistre 22 mars", rapporte Le Soir. Le suivi des libérations conditionnelles, qui selon le ministre de la Justice est du ressort des communautés (ici, la fédération Wallonie-Bruxelles), est donc aujourd'hui pointé du doigt.
La Turquie a expulsé Ibrahim El Bakraoui deux fois
C'est Ankara qui a affirmé, mercredi, avoir expulsé Ibrahim El Bakraoui. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a précisé l'avoir renvoyé, à sa demande, à Amsterdam (Pays-Bas), ce qu'a confirmé par le ministère néerlandais de la Justice. Un responsable du gouvernement turc a ajouté que le suspect avait en fait été expulsé à deux reprises.
La première expulsion d'Ibrahim El Bakraoui, le 14 juillet, avait été motivée par les soupçons de la police turque, qui le suspectait d'être un combattant étranger. "La police l'a observé et est parvenue à la conclusion qu'il était peut-être un combattant étranger. Il a été interpellé à Gaziantep", a déclaré à Reuters un responsable turc, sous le sceau de l'anonymat. Ibrahim El Bakraoui n'a commis aucun délit en Turquie et son expulsion était "administrative", a-t-il ajouté.
Une deuxième source gouvernementale a déclaré jeudi qu'Ibrahim El Bakraoui était revenu en Turquie le 11 août par l'aéroport d'Antalya avant d'être à nouveau expulsé, le 25 août, sans préciser vers quel pays cette fois. "A ce moment, il n'était pas connu chez nous pour terrorisme", s'est défendu le ministre belge de la Justice, Koen Geens.
Ankara aurait averti Bruxelles et Amsterdam
Les autorités turques assurent toutefois avoir prévenu la Belgique et les Pays-Bas des raisons de l'expulsion d'Ibrahim El Bakraoui. Le ministre de l'Intérieur Jan Jambon a d'ailleurs reconnu des erreurs "au niveau de l’officier de liaison en Turquie".
La RTBF rappelle qu'il existe des accord de coopération entre la Belgique et la Turquie : un accord judiciaire et un accord policier. "Par ce double accord, le gouvernement belge espérait que la Turquie aide la Belgique en lui fournissant des renseignements judiciaires et policiers, au sujet des candidats-combattants belges qui passent par la Turquie pour aller combattre en Syrie", explique la chaîne belge, mais il reste un doute sur le fait que l'accord soit effectivement mis en œuvre.
Une commission d'enquête parlementaire va être mise en place afin de faire la lumière sur les responsabilités du gouvernement. "Si l'on aligne tous les faits, on peut se poser de grandes questions sur un certain nombre de choses, tant en ce qui concerne la Justice que les développements ensuite au niveau policier", a reconnu le ministre de l'Intérieur Jan Jambon.
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