Reportage "On vit bien ici !" : en Allemagne, une ville en déclin démographique offre des séjours gratuits pour recruter des habitants

La municipalité d'Eisenhüttenstadt accueille gratuitement et pendant deux semaines de potentiels habitants afin de leur donner envie d'emménager, espérant ainsi inverser la courbe du déclin démographique.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La ville d'Eisenhüttenstadt, en Allemagne, à la frontière avec la Pologne. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)
La ville d'Eisenhüttenstadt, en Allemagne, à la frontière avec la Pologne. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

À Eisenhüttenstadt, on espère avoir trouvé la solution pour lutter contre le déclin démographique et attirer de nouveaux habitants. Cette ville d’ex-Allemagne de l’Est, située à la frontière polonaise, a perdu la moitié de sa population depuis la chute du mur de Berlin et compte désormais 25 000 habitants. La municipalité a donc décidé d’offrir un séjour gratuit, pendant deux semaines, à deux familles sélectionnées parmi 2 000 candidatures, à partir du week-end du 6 septembre. Les heureux gagnants vont découvrir les atouts de la ville, située à 1h30 de route de Berlin.

Avec son industrie en difficulté, ses artères rectilignes et ses immeubles en préfabriqués, Eisenhüttenstadt ne figure clairement pas parmi les villes les plus attractives. "Depuis 1990, beaucoup d’entreprises ont fait faillite et des familles entières sont parties, les jeunes n’avaient plus aucune perspective", explique le maire de la commune, Frank Balzer. "Le meilleur exemple, c’est Arcelor Mittal : 11 000 personnes y travaillaient autrefois et aujourd’hui, ils ne sont plus que 2 500", poursuit-il.

"Attirer de nouveaux habitants pour dynamiser la ville"

Le maire est toutefois déterminé à combattre ce déclin démographique : "Avec cette expérience, on veut essayer d’attirer de nouveaux habitants pour dynamiser la ville. On ne veut pas devenir une ville fantôme". Pour attirer plus de monde, la municipalité met gratuitement à disposition des candidats retenus un appartement meublé pendant deux semaines.

Frank Balzer, le maire d'Eisenhüttenstadt, en Allemagne. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)
Frank Balzer, le maire d'Eisenhüttenstadt, en Allemagne. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Sont aussi prévues des visites guidées de la ville et de plusieurs entreprises ainsi que des rencontres avec les habitants. Julia Basan, responsable de la promotion et du développement de la ville, souhaite briser les préjugés et mettre en avant le potentiel d’Eisenhüttenstadt. "Nous avons beaucoup d'espaces verts, des installations sportives et culturelles et des logements disponibles, énumère-t-elle.

"Le mètre carré de loyer coûte entre 5 euros 50 et 6 euros 50, c’est quatre fois moins cher qu’à Berlin."

Julia Basan, responsable du développement de la ville

à franceinfo

Julia Basan assure que 250 emplois sont à pourvoir dans la ville. "Nous avons des crèches, des garderies et tout ça rend la ville attrayante, ajoute-t-elle. Malheureusement, tout le monde ne le sait pas encore."

Croisé dans le centre-ville, Andreas, 66 ans, qui a toujours vécu à Eisenhüttenstadt, espère que l’initiative sera efficace. "C'est une bonne façon d’attirer plus de jeunes ici. Parce que la population vieillit et qu’on manque de main-d’œuvre qualifiée", explique le retraité, alors que la moyenne d'âge d'Eisenhüttenstadt dépasse les 50 ans. "Aujourd’hui, la jeune génération ne jure que par Berlin, se désole-t-il. Mais on vit bien ici !"

D'autres villes s'y mettent

A 30 km de là, la ville de Guben, 16 000 habitants, a proposé également des séjours d’essai l’an dernier. Le test s'est avéré concluant pour Annika, à tel point que cette Berlinoise de 38 ans a décidé de s’installer à Guben. "À Berlin, c’est de plus en plus stressant, avec toujours plus de circulation et des chantiers partout. Ici, c’est plus détendu. Il n’y a pas d’embouteillages aux heures de pointe, les appartements sont abordables et il y a du travail. Je respire mieux !", se réjouit-elle.

Annika, Berlinoise partie vivre à Guben. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)
Annika, Berlinoise partie vivre à Guben. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

"En tout cas, l’Allemagne de l’Est vaut mieux que sa réputation", glisse la trentenaire. En plus d’Annika, trois familles ont déménagé à Guben. À l’image d’Eisenhüttenstadt, ce succès inspire de plus en plus de villes allemandes, qui ont décidé de proposer à leur tour des séjours d’essai.

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