: Reportage "On n'arrête pas d'y penser, je pleure beaucoup" : en Allemagne, deux ans après les inondations meurtrières, la lente reconstruction des communes
La catastrophe avait fait 184 morts et 33 milliards d'euros de dégâts. Par endroits, les travaux de reconstruction pourraient durer encore une dizaine d'années.
C'était il y a tout juste deux ans. Une partie de l'ouest de l'Allemagne, près de Cologne et de Bonn, était dévastée par des inondations. Le bilan est alors très lourd : 184 morts et 33 milliards d'euros de dégâts. Deux ans après, les communes touchées continuent de panser les plaies et les stigmates sont toujours très présents.
À Ahrweiler, une des villes les plus touchées, les traces laissées par l'eau boueuse sont parfois encore visibles sur les façades. Les engins de chantier s'activent pour reconstruire les ponts et les routes.
Sur les hauteurs, un village de mobile-home a été installé après la catastrophe, sept sont encore occupés. Au numéro 16, Michaela et son fils attendent d'être relogés : "On nous a fait changer d'endroit cinq fois depuis les inondations. Cela joue sur notre santé, on n'arrête pas d'y penser, on est toujours stressés. Je pleure beaucoup parce que je n'arrive pas à me sortir de cette situation. J'en suis quasiment au même point qu'après les inondations".
Une zone interdite aux constructions
Tout près de la rivière, un lotissement retrouve ses habitants. La plupart ont choisi d'y revenir, comme Christian dont la maison de briques a été envahie par deux mètres d'eau : "Dès le lendemain, j'ai commandé de nouvelles fenêtres, il n'était pas question de ne pas reconstruire. J'ai grandi ici, mes quatre enfants sont nés ici et je travaille ici. Je n'ai pas hésité une seule seconde et c'est ce qui nous a permis de tenir. Il faut vivre avec ce risque".
Le retour des habitants dans les quartiers inondables inquiète tout de même certains urbanistes. Une zone interdite aux constructions a été délimitée par les autorités, mais Thomas Roggenkamp, géographe à l'université de Bonn la juge trop réduite : "Il aurait fallu laisser plus d'espace à la rivière, faire en sorte que moins de gens soient exposés aux risques. C'est comme une épée de Damoclès".
"Très vite, il a été décidé quelles maisons ne pouvaient pas être reconstruites et lesquelles pourraient l'être. Il aurait fallu se donner plus de temps."
Thomas Roggenkamp, urbaniste
À Dernau, un village où la crue a fait onze victimes, le maire Alfred Sebastian attend de toucher les indemnisations du fond de catastrophe.
L'élu entend bien reconstruire presque comme avant : "Mon village est à 80% en zone inondable, la vallée est très étroite. Où les gens peuvent-ils aller ? Il n'y a pas d'espace disponible. Les dernières grosses inondations remontaient à 1804 et maintenant 2021. Espérons que nous ne revivrons pas ça. Pour limiter les risques, on construit des ponts plus hauts et plus larges, des bassins de rétention. Les rez-de-chaussée des maisons ne doivent plus accueillir de pièces à vivre : seulement des caves ou des garages".
Au total, 15 milliards d'euros ont été promis à la région pour la reconstruction, qui pourrait durer encore une dizaine d'années.
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