"Je trouve ça très injuste" : en manque de personnel dans son armée, l'Allemagne envisage de recruter des appelés par tirage au sort

Face à la menace russe, l'armée allemande a besoin de 80 000 soldats supplémentaires d'ici 2035. L'idée divise la coalition et doit être débattue jeudi au Bundestag.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des soldats allemands devant le parlement régional à Dusseldorf, dans l'ouest du pays. Photo d'illustration. (IMAGO/CHRISTOPH HARDT / MAXPPP)
Des soldats allemands devant le parlement régional à Dusseldorf, dans l'ouest du pays. Photo d'illustration. (IMAGO/CHRISTOPH HARDT / MAXPPP)

Bâtir la plus puissante armée d'Europe. Sitôt arrivé au pouvoir en Allemagne, le chancelier Friedrich Merz s'est fixé cet objectif ambitieux. La Bundeswehr prévoit de doubler ses effectifs d'ici dix ans. Un changement d'approche dans un pays profondément pacifiste mais confronté à la menace russe.

Mais comment recruter alors que l'armée manque de personnel ? Outre le volontariat, le parti conservateur au pouvoir mise sur un système de tirage au sort. Le projet n'a pas tardé à être baptisé "la loterie" par ses détracteurs. Un tirage au sort pour recruter, si le nombre de volontaires ne suffit pas : l'idée ne plait pas vraiment à Sean, 18 ans, et premier concerné : "Je trouve ça très injuste pour ceux qui seront tirés au sort et qui ne veulent pas y aller. J'ai du respect pour l'armée mais je n'ai aucune envie de la rejoindre. Ce n'est vraiment pas mon truc."

Un système déjà expérimenté en 1960

Pour tenir ses objectifs, l'armée allemande a besoin de 80 000 soldats supplémentaires d'ici 2035. Les volontaires risquent de manquer. "Faites le calcul, on a besoin de 10 000 recrues par an pour atteindre l'objectif de l'Otan. Mais si le volontariat ne suffit pas, que se passera-t-il ? Comment faire si nous ne parvenons pas à motiver suffisamment de personnes ? La solution, c'est de faire comme au Danemark : un tirage au sort", prévient Carsten Linnemann, secrétaire général du parti conservateur, interrogé par la ZDF.

Pour Chris, étudiant en économie, la stratégie de recrutement n'est pas la bonne : "Je pense qu'il faut créer de meilleures conditions et perspectives de carrière, et aussi offrir un salaire plus élevé, pour attirer les gens. Avec un tirage au sort, on risque de se retrouver avec des soldats complétement démotivés."

La Bundeswehr a déjà expérimenté le tirage au sort en 1960. Jugé peu efficace, le système a été supprimé cinq ans plus tard.

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