Allemagne: Die Linke, un parti encore un peu gauche
On a beaucoup parlé des résultats de la CDU-CSU d’Angela Merkel, du FDP, du SPD et des verts. Mais qu’en est-il du parti Die Linke (la Gauche), lequel se veut la gauche de la gauche en Allemagne, à l’instar du parti de Jean-Luc Mélanchon en France? Comme les verts et les sociaux-démocrates, lui aussi a laissé des plumes dans le scrutin du 22 septembre 2013.
/2021/12/14/61b8b993609fd_laurent-ribadeau-dumas.png)
/2018/11/27/Allemagne-Gysi.jpg)
Au niveau mathématique, l’ancien avocat est-allemand a raison : à l’issue des élections, avec 64 sièges, Die Linke arrive en troisième position derrière la CDU-CSU d’Angela Merkel (311 sièges) et les sociaux-démocrates du SPD (192). Mais l’enthousiasme de Gregor Gysi masque le fait que sa formation perd 12 sièges par rapport au scrutin de 2009... Au niveau fédéral, celle-ci avait alors réalisé un score de 11,9%, contre 8,6% en 2013. Le scrutin du 22 septembre marque donc un essoufflement qui touche toute la gauche, SPD et verts.
Dans le même temps, les résultats de Die Linke dans chaque Land continuent à montrer une très nette division régionale: dans les Länder orientaux, issus de la fin de l’ex-RDA (Berlin, Brandebourg, Mecklenbourg-Vorpommern, Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe), le parti réalise des scores dépassant 20%, frôlant même les 25% en Saxe-Anhalt et en Thuringe. Par contre, dans les Länder de l’ex-Allemagne de l’Ouest, il ne réalise aucun résultat supérieur à 10%. Il ne réussit à franchir la barre de 5% (nécessaire pour entrer au Bundestag) que dans six ou sept Länder. Une imprécision liée au fait que les chiffres ne sont pas encore tout à fait définitifs.
/2018/11/27/Berlin-mur.jpg)
Quoi qu’il en soit, cette coupure est évidemment un héritage de l’histoire. Die Linke est née en 2007, de la fusion de l’ex-Parti du socialisme démocratique (PDS), héritier du PC est-allemand, et d’une formation de sociaux-démocrates déçus par l’évolution du SPD. Il a donc plus que des accointances avec l’ex-Parti-Etat de la dictature stalinienne, le SED. Le passé de Gregor Gysi est d’ailleurs controversé : il est ainsi soupçonné d’avoir travaillé avec la Stasi, la redoutable police politique de la RDA (que l’on voit à l’œuvre dans le beau film de Florian Henckel von Donnersmarck, La Vie des autres). Les résultats de Die Linke à l’est de l’Allemagne montrent qu’il y bénéficie encore d’une véritable assise populaire.
Victoire ou défaite ?
Mais son scrutin à l’ouest, où pendant la Guerre froide, la RDA faisait figure d’épouvantail, montre qu’un parti proche des communistes y suscite toujours de la méfiance. Alors quand Gregor Gysi lui-même estime que le score de sa formation «marque une victoire, celle de l’acceptation de notre parti», on peut se dire qu’il y a encore du chemin à faire… «L’ex-RFA était le pays qui, entre tous ceux d’Europe, a été le plus militant dans l’anticommunisme. Que nous y ayons atteint 8,6% aux dernières élections relevait presque du miracle !», expliquait-il, juste avant les élections, dans une interview au journal français L’Humanité. Et d’ajouter : «A l’Est, c’est différent : la population, qui a vécu d’autres expériences, nous fait davantage confiance». «D’autres expériences» : c'est-à-dire un autre régime politique que celui de la partie occidentale de l’Allemagne.
Toujours est-il que la méfiance ne semble pas avoir complètement disparu. Malgré les appels du pied de Die Linke, le SPD a ainsi catégoriquement exclu toute alliance avec la gauche de la gauche allemande. Pourtant, sur le papier, aux dires des résultats provisoires, les scores cumulés de cette dernière, du SPD et des verts atteignent 319 sièges au Bundestag, contre 311 à la CDU-CSU. Mais au-delà des divergences politiques très importantes entre la formation de Gregor Gysi d’un côté, sociaux-démocrates et verts de l’autre, le premier ne fait pas figure de parti comme les autres. En clair, l’héritage de l’histoire n’est pas encore tout à fait soldé…
À regarder
-
Tempête "Benjamin" : des annulations de trains en cascade
-
Femme séquestrée : enfermée 5 ans dans un garage
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Cambriolage au Louvre : une nacelle au cœur de l'enquête
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter