Une quarantaine d'adolescents français juifs débarqués d'un avion en Espagne, la colonie de vacances annonce porter plainte pour discrimination

Un groupe d'une quarantaine d'adolescents français de confession juive qui rentraient de vacances en Espagne a été débarqué d'un avion, mercredi 23 juillet. Un incident que la compagnie aérienne espagnole Vueling qualifie jeudi de "comportement inapproprié", alors que des parents dénoncent un "acte antisémite" et qu'une plainte pour discrimination va être déposée par la colonie de vacances.

Les faits se sont produits mercredi après-midi, lorsque les adolescents, en Espagne depuis deux semaines dans le cadre d'une colonie de vacances, s'apprêtaient à décoller de l'aéroport de Valence à bord d'un vol à destination de Paris-Orly. Dans un long communiqué publié jeudi sur X, la compagnie espagnole a affirmé que ces adolescents avaient affiché "une attitude fortement conflictuelle, mettant en péril le bon déroulement du vol". Concrètement, ils auraient, selon Vueling, "manipulé de manière inappropriée du matériel de sécurité et interrompu activement la démonstration obligatoire des consignes".

Auprès de franceinfo, Vueling explique que les jeunes ont utilisé des masques à oxygène, des gilets de sauvetage présents à leur place et s'amusaient à appuyer sur les boutons pour appeler l'équipage. Selon le rapport d'incident de la garde civile espagnole, obtenu par franceinfo, les mineurs ont provoqué un tel "chahut" que le commandant de bord a dû sortir du cockpit pour comprendre ce qui se passait.

"Le comportement agressif du groupe s'est poursuivi" à la sortie de l'avion

"Malgré de nombreux avertissements, ce comportement inapproprié a persisté", amenant l'équipage à demander "l'intervention de la garde civile", l'équivalent de la gendarmerie, qui a alors "procédé au débarquement du groupe afin de garantir la sécurité du reste des passagers", toujours selon la compagnie aérienne à bas coût. Vueling ajoute même que "le comportement agressif du groupe s'est poursuivi" à la sortie de l'avion et qu'une des adultes encadrant le groupe a été arrêtée. La compagnie nie "fermement toute affirmation liant la décision" de son équipage "à l'expression religieuse des passagers concernés".

Contactée par l'AFP, une porte-parole de la garde civile a confirmé le récit de Vueling, assurant que le groupe, composé de 47 adolescents et quatre moniteurs, n'avait pas écouté les consignes répétées de l'équipage. La monitrice a été interpellée "parce qu'elle refusait de descendre de l'avion et d'obéir aux agents", a complété cette porte-parole, précisant qu'elle avait été rapidement remise en liberté.

Cette dernière a été "plaquée au sol" et "menottée", car elle s'est "opposée à la confiscation des téléphones portables des enfants par la garde civile", rectifie Julie Jacob, l'avocate de la colonie de vacances Kineret, joint par franceinfo. "Ils voulaient que les enfants suppriment toute vidéo prise à l'intérieur de l’avion." 

Un "acte antisémite", selon la mère d'un adolescent

La colonie de vacances a annoncé jeudi après-midi porter plainte pour "violence physique, psychologique et discrimination sur le fondement de la religion", a précisé à l'AFP son avocate. Elle a évoqué des "circonstances aggravantes" étant donné qu'il s'agit de "mineurs de moins de 15 ans".

Pour les parents de certains enfants, le groupe a été pris à partie par l'équipage parce qu'un enfant avait entonné une chanson en hébreu. Les enfants étaient "tranquilles" quand la garde civile est arrivée, a assuré la mère de l'un de ces adolescents, Karine Lamy, sur la chaîne israélienne i24News, dénonçant "un acte antisémite".

"Tout ce que dit Vueling, à propos du comportement perturbateur à bord avec la manipulation de matériel de sécurité, est faux, abonde l'avocate du club Kineret. J'ai des dizaines de témoignages de personnes à bord qui ne font pas partie de la colonie qui disent le contraire. Ils décrivent une ambiance calme sans incident."

En Israël, le ministre de la Diaspora, Amichai Chikli, a partagé sur X la vidéo de ce qui est présenté comme l'arrestation de la directrice du camp Kineret. Selon lui, l'équipage de la compagnie aérienne "a déclaré qu'Israël était un Etat terroriste et a forcé les enfants à quitter l'avion". "Ils se trouvent maintenant à Valence, en attendant de rentrer en France", précise-t-il, évoquant une recrudescence d'"incidents antisémites graves".