Reportage "En colère", "abandonnés" : en Espagne, des habitants de Castille-et-León dénoncent la mauvaise gestion des incendies par leur gouvernement local

La Castille-et-León est l'une des régions les plus touchées par les incendies géants qui ravagent l'Espagne cet été, poussant les habitants à se rassembler face à l'inaction de la Junta.

Article rédigé par franceinfo - Solène de Larquier - Eric Audra
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des manifestants protestent contre la gestion des incendies, à Ponferrada (Espagne), le 21 août 2025 (SOLENE DE LARQUIER / RADIO FRANCE)
Des manifestants protestent contre la gestion des incendies, à Ponferrada (Espagne), le 21 août 2025 (SOLENE DE LARQUIER / RADIO FRANCE)

À Ponferrada, les organisateurs défilent au micro face à la foule. C'est devenu un rendez-vous quotidien en Castille-et-León : tous les soirs, des manifestations sont organisées dans différentes villes de la communauté autonome espagnole, pour dénoncer la gestion des incendies par le gouvernement autonome libéral-conservateur. Près d'un millier de personnes se sont rassemblées à Ponferrada et 300 à Salamanque.

"On a perdu toutes les richesses de la région"

Un collectif d'associations, syndicats et mouvements politiques s'est formé cette semaine, "Stop aux incendies dans le Nord-Ouest". Anna, retraitée, écoute attentivement les prises de parole. C'est la première fois qu'elle manifeste contre la Junta, le gouvernement régional. "Je suis très en colère, déclare-t-elle au milieu des cris de la foule. On a perdu toutes les richesses de la région et j'ai tellement de peine pour les personnes qui sont mortes pour rien et pour celles qui ont tout perdu, leur maison."

Elle demande l'activation du niveau trois d'alerte, pour que la gestion des incendies passe de la région à l'État. "On est abandonnés. La Junta de Castille-et-León, c'est une catastrophe. Pas de subventions, pas de moyens ", se désole la retraitée.

"Quand l'Etat central propose d'envoyer de l'aide, la communauté autonome dit non."

Anna, retraitée

à franceinfo

C'est pour cette raison que le collectif réclame des changements dans la prévention des incendies. Il demande aussi la démission de plusieurs responsables régionaux, notamment le président du gouvernement régional de Castille-et-León, Alfonso Fernandez Mañueco.

Une minute de silence pour les victimes des incendies

Pancarte à la main, Irénée regrette les passes d'armes entre l'Etat et la région. "En Espagne, quand il y a des problèmes, on a l'habitude de se rejeter la faute les uns sur les autres, au lieu de se concentrer sur ce qui est vraiment important", indique-t-elle. Pour elle, il faut regarder concrètement ce qui n'a pas fonctionné : "Il y a des secours qui n'ont pas pu partir à cause de la mauvaise organisation. Des gens qui voulaient donner ou faire à manger n'ont pas pu, eux non plus, à cause de ça".

De nombreux jeunes sont aussi présents aux rassemblements, comme Lucia, étudiante. Elle estime qu'il faudrait à nouveau inclure le monde rural dans la prévention des feux. "Il faut faire paître le bétail, sortir les animaux dans les champs, parce que ce sont des zones où il n'y a plus autant de gens qu'avant. Ce sont des zones qui sont totalement laissées à l'abandon", remarque-t-elle.

L'étudiante poursuit : "Les mesures environnementales aussi sont bien plus strictes qu'à l'époque. Les gens ont beaucoup, beaucoup de réticence au moment de s'occuper de l'environnement ". Le collectif a tenu à respecter une minute de silence en hommage aux pompiers mobilisés et aux victimes. Quatre personnes sont mortes dans les incendies espagnols, dont trois en Castille-et-León.

La colère en Castille-et-León : reportage de Solène de Larquier et Eric Audra

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