Disparus d'Iguala : un mouvement de protestation contre le gouvernement
Au Mexique, les mobilisations des dernières semaines en réaction à la disparition de 43 étudiants dans le Sud du pays semblent se transformer en un mouvement de protestation durable contre le gouvernement. Cinquante jours après l’attaque de la police municipale d’Iguala et d’un cartel local contre ces étudiants, les familles ne cessent de mettre en doute la version officielle.
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C’est à Iguala que se sont déroulés les faits le 26 septembre 2014. C’est aussi là-bas, à l’Ecole Normal Rurale d’Ayotzinapa, que sont réunis les familles et la communauté étudiante. C’est là que s’organise la contestation qui fait trembler le gouvernement mexicain sur ses bases.
Avec son millier d’étudiants, l’école d’Ayotzinapa a des airs de village, surtout depuis l’arrivée des familles de disparus qui vivent sur place. Tous campent dans les bâtiments pour mieux organiser les manifestations et des caravanes de parents partent vers le Nord et le Sud du pays pour propager la révolte.
Les parents sont extrêmement remontés contre le gouvernement car ils sont persuadés qu’on leur ment. C’est ce que pense Bernardo Ocampo, le père de José Ángel, un étudiant disparu. "Ces témoins sont faux ! Ce sont des suspects qu’ils ont arrêtés dès le début. Les autorités leur disent ce qu’ils doivent dire, pour nous manipuler. Nous sommes des paysans pauvres, nous ne sommes pas des voleurs, ni des assassins, ni des narcotrafiquants. "
Les étudiants d’Ayotzinapa se situent dans la lignée des enseignants guérilleros contre lesquels le gouvernement envoyait l’armée dans les années soixante.
Une complicité entre l’Etat et les criminels
La méfiance des étudiants et des familles de disparus envers le gouvernement s’explique-t-elle aussi par le fait que ce sont des policiers municipaux d’Iguala qui ont agressé les jeunes le 26 septembre sur ordre du maire de la ville.
Les étudiants condamnent la complicité entre les représentants de l’Etat et les groupes criminels, qui est évidente dans cette affaire. Il ne s’agit pas seulement de policiers. A Iguala, on dit que le gouvernement n’a rien fait pour éviter tout cela car le président Enrique Peña Nieto avait été alerté il y a plusieurs mois des liens du maire d’Iguala avec les cartels.
Omar García, le porte-parole des étudiants, accuse aussi les militaires, qui ont arrêté les étudiants qui tentaient de fuir juste au moment de la fusillade. "Les responsables ce sont les militaires et les policiers des villes d’Iguala et de Cocula. En plus du gouvernement, pour ses omissions, car il ne s’est pas occupé de ces problèmes à temps. Que le gouvernement tente de rejeter la faute sur le crime organisé pour se laver les mains, c’est une chose. Mais n’oublions pas que ce sont des policiers et des militaires qui nous ont attaqués. "
Unis contre les autorités corrompues
Les étudiants d’Ayotzinapa ne veulent pas faire de leurs disparus la seule cause à défendre, ils veulent que le pays tout entier rejette la corruption et ses conséquences violentes pour la population. Dans la ville d’Iguala, il y a des citoyens qui prennent la situation en mains parce que toutes les autorités sont corrompues.
Citlali Miranda a créé avec d’autres citoyens le Front Igualtèque pour la Dignité, pour réclamer des comptes au pouvoir. Elle pense que les manifestations violentes des derniers jours, dans l’Etat du Guerrero, les incendies de certains bâtiments publics par les manifestants, sont un message fort envoyé au gouvernement.
"Il se passe des choses terribles, comme les manifestations dans la ville de Chilpancingo. Mais je crois que c’est un mal nécessaire. Il faut qu’il reste gravé dans la mémoire du gouvernement qu’il ne peut pas tuer des étudiants impunément, sans que la population réagisse. Car maintenant la population réagit. La prochaine fois que le gouvernement commettra de tels abus, il devra y réfléchir à deux fois parce que nous répondrons. "
L’affaire des étudiants disparus a provoqué un déclic chez les Mexicains. Ils ne veulent plus accepter que leurs responsables politiques travaillent pour le compte des cartels, parce qu’ils ont vu les conséquences terribles que cela avait.
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