Le musée Guimet mis en demeure pour que le nom "Tibet" ne soit plus remplacé par "monde himalayen"

Des associations ont adressé via leurs avocats un courrier de mise en demeure au musée parisien. Ils lui reprochent "d’effacer le nom Tibet de la nomenclature utilisée", sur fond de pressions de la Chine.

Article rédigé par Valérie Crova
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation pour le Tibet à rpoximité du Musée Guimet à Paris, le 5 janvier 2025. (ERIC BRONCARD / HANS LUCAS VIA AFP)
Manifestation pour le Tibet à rpoximité du Musée Guimet à Paris, le 5 janvier 2025. (ERIC BRONCARD / HANS LUCAS VIA AFP)

Alors que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, effectue sa première visite en Chine depuis sa prise de fonction, l’avocat William Bourdon met en demeure le Musée des arts asiatiques Guimet de remplacer l’appellation "Monde himalayen" qui apparaît dans l’une de ses salles par le nom "Tibet". Dans une lettre datée du 26 mars 2025 adressée au Musée Guimet (dont Radio France s’est procuré une copie) ainsi qu’à la ministre de la Culture et au ministre des Affaires étrangères, l’avocat dénonce une soumission aux exigences de Pékin. Sous l’impulsion de Xi Jinping, la Chine a en effet débaptisé le Tibet en 2023 pour lui donner le nom de province autonome du Xizang.

Parce qu'il représente trois associations de défense du Tibet (Etudiants pour un Tibet libre, France-Tibet et Lions des neiges Mont-Blanc), William Bourdon se fait l'écho de celles et ceux qui dénoncent l'anéantissement de la culture tibétaine par la Chine et dont la France se rendrait complice. "Que Pékin obtienne satisfaction en externalisant sa politique d'effacement du Tibet vers la France est inacceptable, explique William Bourdon à Radio France. Ce que la communauté tibétaine attend, c'est de revenir à l'état antérieur, respectueux de l'identité tibétaine."

Extrait du courrier adressé au Musée Guimet, avec copie au ministère de la Culture et au ministère des Affaires étrangères. (DOCUMENT FRANCEINFO)
Extrait du courrier adressé au Musée Guimet, avec copie au ministère de la Culture et au ministère des Affaires étrangères. (DOCUMENT FRANCEINFO)

Le courrier adressé au musée Guimet pointe "le choix fait par le Musée Guimet et par le Ministère de la Culture, en collaboration semble-t-il avec le Ministère des Affaires étrangères, d’effacer le nom Tibet de la nomenclature utilisée dans le musée". Ce choix, poursuit-il, a été fait "sans qu’aucun argument invoqué ne trouve une justification historique ou culturelle acceptable". 

Tandis que le musée du Quai Branly a décidé que le nom Tibet figurerait à nouveau sur ses murs, la directrice du musée Guimet, Yannick Lintz, a défendu quant à elle l'appellation "monde himalayen", ce qui n'a "rien de politique", dit-elle. Dès lors, pourquoi ne pas proposer de livre où figure le mot Tibet, s'interroge Me Lily Ravon. Elle fait référence à une tibétologue qui s'est rendue récemment au musée Guimet. "Elle a en effet été témoin, durant l'exposition consacrée à la dynastie chinoise des Tang qui vient de s'achever, que tous les ouvrages qui reprenaient l'appellation Tibet dans leur titre ont été mis de côté, et que ces consignes viendraient directement du Quai d'Orsay."

Excès de zèle ou complaisance pour un régime autoritaire ? Les destinataires de la lettre ont un mois pour répondre. À défaut de quoi ils s'exposent à une action judiciaire. 

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