Guerre commerciale Chine-UE : les vins français vont-ils trinquer ?
Les vins européens sont dans le collimateur de Pékin après la décision de la Commission de Bruxelles de taxer les panneaux solaires chinois. La décision chinoise de lancer une enquête anti-dumping sur les importations de l'Union européenne en Chine pourrait aboutir à une de hausse des taxes douanières. La France prend cette menace très au sérieux.
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La menace de riposte commerciale de la Chine sur les vins européens inquiète l’ensemble du secteur viticole. L’inquiétude est proportionnelle au poids qu’a pris Pékin dans les exportations européennes: l’empire du Milieu a importé 430 millions de litres de vin en 2012, dont plus des deux tiers en provenance de l’UE, selon les statistiques des douanes chinoises.
Les importations en provenance de France ont atteint 170 millions de litres. Ce qui fait de la Chine le troisième marché pour les exportations françaises de vin, avec un chiffre d’affaires de 800 millions d’euros.
Devenue la première destination des vins de Bordeaux (72 millions de bouteilles en 2012), la Chine représente 20% des exportations des crus de cette région. «Donc, c'est Bordeaux qui serait touché en premier» par une hausse des taxes chinoises, redoute Allan Sichel, président de la Fédération des négociants en vins de Bordeaux et cadre dirigeant de l'interprofession (CIVB).
L'affaire des panneaux solaires
Inquiétude également en Beaujolais, où la filière pèse 10.000 emplois et où le marché chinois «devient de plus en plus stratégique pour l'ensemble des vins», selon Jean Bourjade, délégué général de l'interprofession Interbeaujolais.
La Chine «constitue une part importante des débouchés de notre filière et donc des 500.000 emplois de celle-ci», a rappelé pour sa part la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français, qui a regretté «l'instrumentalisation du secteur» dans un conflit commercial, celui des panneaux solaires, qui n'a rien à voir avec le vin.
Après avoir inondé les marchés occidentaux de leurs panneaux solaires à bas coup, les responsables de la filière chinoise doivent faire face à de nouvelles barrières douanières imposées notamment par les Etats-Unis. Des taxes que la Commission européenne a décidé, elle aussi, de relever provisoirement : de 12% à partir du 6 juin, et de 48% en août, si cela ne suffit pas.
Mais pour Allan Sichel, il est encore possible pour l'UE de «désamorcer» le différend commercial. Il faut dialoguer, négocier, car «la réalité est qu'il n'y a pas de dumping» sur les vins européens taxés aujourd'hui à 48%.
Le 5 juin 2013, le ministère chinois du Commerce a annoncé l'ouverture d'une enquête qui devra déterminer si la filière viticole européenne reçoit des aides pour exporter. Dans un communiqué publié sur son site internet, le ministère indique notamment avoir «déjà été sollicité par le secteur viticole intérieur qui accuse les vins importés d'Europe de pénétrer sur le marché chinois par le biais de méthodes commerciales iniques tels que le dumping et les subventions».
«Déplacée et condamnable»
«Nous avons observé une hausse rapide des importations vinicoles de l'UE ces dernières années et nous entreprendrons cette enquête conformément à la loi», ajoute le communiqué.
La France a jugé «déplacée et condamnable» la menace chinoise. «On prend ça très au sérieux, on étudie la portée des mesures, qui ne sont pas connues avec précision», a-t-on déclaré au ministère du Commerce extérieur.
L’affaire est prise très au sérieux par l'Elysée qui réclame une réunion des ministres du Commerce de l’UE, le 14 juin à Luxembourg. Quinze pays européens, dont l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, se sont dits défavorables à des sanctions contre la Chine par peur de représailles.
Ce n'est pas la première procédure entre les deux géants économiques : six plaintes européennes et trois chinoises sont instruites par l'OMC pour des litiges commerciaux entre Pékin et l'UE, premier partenaire économique de la Chine.
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