Chine-Taïwan: je t’aime moi non plus
Pour la première fois depuis la fin de la guerre civile en 1949, les dirigeants de la Chine populaire et de Taïwan se rencontrent le 7 novembre. Le président chinois Xi Jinping et son homologue taïwanais Ma Ying-jeou vont se voir à Singapour. Une petite révolution qui s'inscrit dans un mouvement de lent rapprochement.
Pékin, qui a toujours revendiqué sa souveraineté sur l’île de Taïwan, décrit cette rencontre comme un «arrangement pragmatique» qui sera «en cohérence avec le principe d’une seule Chine». Une seule Chine car autant pour Pékin que pour Taïwan, pas question d'abandonner ce principe. Pour chacune des deux capitales, Pékin ou Taipei est le seul et unique représentant de la vraie et unique Chine.
Ce que les Chinois appellent le «consensus de 1992» définit le cadre des rapports entre la Chine continentale et Taïwan. Des rapports qui ne peuvent s'inscrire que dans l'idée qu'ils ne forment qu'un seul pays.
Mais on est loin de l'époque où Pékin pouvait rêver de reprendre Taiwan les armes à la main. Depuis la guerre civile chinoise entre le Kuomintang (KMT, parti nationaliste) et le Parti communiste chinois (PCC) qui a vu la victoire de ce dernier sur le continent, les relations sont officiellement inexistantes entre les deux «pays».
La rencontre a cependant lieu à Singapour, un endroit neutre. «Les premières rencontres "non officielles" entre la Chine et Taïwan se sont tenues dans de tels lieux : Hongkong (avant la rétrocession) en 1992 et Singapour en 1993», souligne pour Géopolis la sinologue Samia Ferhat.
Un rapprochement continu
C’est au début des années 90 que les relations entre les deux «pays» commencent à se détendre. «Des rencontres officieuses entre deux organismes privés, chargés de traiter des questions techniques ou commerciales liées aux échanges entre les deux rives. A Taiwan, il s’agissait de la Fondation pour les échanges à travers le détroit et, en Chine, de l’Association chargée des relations entre les deux rives du détroit», raconte Perspectives chinoises.
Malgré les discours politiques et les différences idéologiques officielles, les échanges entre les deux rives ne cessent de progresser. En 2003, des liaisons aériennes sont officialisées, puis élargies en 2005. «Taïwan et la Chine communiste ont franchi en 2010 une étape décisive sur la voie du dégel en signant un accord-cadre de coopération économique sous l'impulsion de Ma Ying-jeou (l'actuel président de Taïwan, NDLR). Cet accord, et d'autres gestes d'ouverture comme la reprise des vols aériens directs, n'ont toutefois été négociés que par des organismes semi-officiels, Pékin et Taipei n'ayant toujours aucune relation diplomatique», rappelait Le Monde. Aujourd'hui, ce sont quelque 500 vols par semaine qui relient les deux pays.
Sauver le soldat Ma Ying-jeou
Côté taïwanais, l’élection du président Ma Ying-jeou en 2008 a permis une détente avec Pékin. Artisan de la renaissance du Kouomintang (KMT), le parti nationaliste de Chiang Kaï-chek, réélu en 2012, Ma Ying-jeou est favorable à des liens avec la Chine continentale.
Le sommet de Singapour intervient quelques semaines avant les élections générales de janvier 2016 dans un contexte difficile pour l’actuelle majorité alors que l’opposition, moins favorable à un rapprochement, pourrait revenir au pouvoir. En 2014, des manifestations du «mouvement des tournesols» avaient secoué Taipei, la captale taïwanaise, pour protester contre le rapprochement entre les «deux rives».
Pékin montre que «les dirigeants taïwanais peuvent être considérés comme des homologues avec qui il est possible de parler de l’évolution des relations entre les deux rives, à la condition qu’ils adoptent le langage que comprend la Chine (consensus de 1992)», analyse Samia Ferhat. La Chine continentale envoie ainsi un message avant les élections à la candidate de l'opposion: «Elle saura que Pékin est prêt à discuter à un haut niveau mais suivant des codes très précis que les autorités chinoises partagent depuis plusieurs années avec les forces politiques taïwanaises dans la mouvance de la majorité actuelle», ajoute la chercheuse.
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