Certaines femmes peuvent s'investir dans le secteur associatif*, figurer sur une liste électorale ou diriger un théâtre!
Tout en étant une ancienne journaliste !C"est le cas de Zeyneb Fehrat, 53 ans, qui préside avec son époux, le comédien Taoufik Jebali, aux destinées d"El Teatro, à la fois théâtre, galerie d"art, atelier de formation artistique et lieu de rencontre.
/2021/12/14/61b8b993609fd_laurent-ribadeau-dumas.png)
/2013/02/07/BROADm0Ao39.jpg)
Tout en étant une ancienne journaliste !
C"est le cas de Zeyneb Fehrat, 53 ans, qui préside avec son époux, le comédien Taoufik Jebali, aux destinées d"El Teatro, à la fois théâtre, galerie d"art, atelier de formation artistique et lieu de rencontre.
La diversité culturelle, c"est un peu la raison d"être d"El Teatro. "C"est aussi un espace de libre échange", précise le responsable des relations presse. Ainsi, du 27 septembre au 12 octobre dernier, sa directrice y a organisé "Les F… Respectueuses" (histoire de paraphraser Sartre), "rencontre des libres-penseuses laïques en arts et lettres dans le monde arabe et l"espace euro-méditerranéen" ! Libre dans sa tête, Zeyneb Ferhat n"hésite pas à vitupérer contre Ennadha, le parti islamiste, qu"elle qualifie sans ambages de mouvement d""extrême droite".
"Sans projet culturel, il n"y a pas d"Etat démocratique", explique-t-elle. Pour elle, la culture contribue à "déterminer l"orientation socio-économique" d"un pays. "Mettre un ordinateur devant chaque enfant, c"est un projet à la fois politique et industriel. Car on décide que l"informatique est un élément important pour l"éducation. Mais de cette façon, on fait aussi fonctionner l"industrie !"
A écouter cette ancienne journaliste, on comprend que la Tunisie n"est pas à un paradoxe près. Notamment parce que ce sont les régimes autoritaires précédents, celui de Bourguiba d"abord puis celui de Ben Ali, qui ont contribué à édifier les infrastructures culturelles que l"on trouve aujourd"hui dans le pays. "
"Bourguiba (le "père" de la Tunisie moderne, NDLR) voulait encadrer la culture pour faire taire toute velléité de contestation. Pour ce faire, suivant le modèle socialiste, il a créé un réseau très dense de MJC qui a survécu. Quant à Ben Ali, c"était un voyou inculte. Mais il a décidé de construire de nombreux complexes culturels même dans les endroits les plus excentrés. Sans d"ailleurs penser à former le personnel nécessaire. Pour lui, c"était un moyen de se sucrer !". Mais ces institutions lui survivent. Paradoxe...
Les risques politiques n'ont pas disparu
El Teatro, lui, est né le 5 octobre 1987, un mois et deux jours avant l"arrivée au pouvoir de Ben Ali. "Le centre a été l"institution la plus censurée, comme Taoufik Jebali a été l"artiste le plus censuré", constate Zeyneb Ferhat. Le couple s"est toujours refusé à faire des compromis vis-à-vis de la dictature. "On nous a souvent dit : ‘Qu"est-ce que vous avez été chiants !" En fait, on a pu louvoyer. Sur scène, nous nous efforcions de faire ressortir l"humanité du quotidien".
Aujourd"hui, la dictature n"existe plus. Mais les risques politiques n"ont pas disparu pour autant... A El Teatro, on refuse, comme toujours, de baisser les bras. "En mars, nous avons été attaqués par des salafistes. Le soir même, avec des amis, nous rédigions un manifeste pour une nouvelle société". Et d"évoquer la manifestation violente des militants islamistes extrémistes à Tunis du 14 octobre dernier. "Ce qu"on ne sait pas, c"est que le surlendemain, il y a eu une manifestation deux fois plus importante contre cette violence. Grâce à FaceBook, nous avons mobilisé 7.000 personnes alors que les extrémistes avaient pour eux tout le réseau des mosquées ! Mais sur ce sujet, il y a eu une sorte de black-out de l"information. On ne montre jamais assez notre belle société civile".
L"avenir n"est donc pas une vallée de roses... Il en faut plus pour abattre Zeyneb Farhat. Elle sait que la démocratie et la tolérance impliquent "un travail en profondeur". Pour cette raison, elle veut organiser des rencontres sur les handicapés et le racisme. Inclassable décidément, Madame Ferhat...
*Association tunisienne des femmes démocrates, Ligue des droits de l"Homme...
À regarder
-
Nouvelle-Calédonie : 50 détenus attaquent l'État en justice
-
La langue des signes est-elle en train de mourir ?
-
Un malade de Parkinson retrouve l'usage de ses jambes
-
Ils crient tous ensemble (et c'est ok)
-
Obligée de payer une pension à sa mère maltraitante
-
Maison Blanche : Donald Trump s'offre une salle de bal
-
Musée du Louvre : de nouvelles images du cambriolage
-
Traverser ou scroller, il faut choisir
-
Manuel Valls ne veut pas vivre avec des regrets
-
Nicolas Sarkozy : protégé par des policiers en prison
-
Piétons zombies : les dangers du téléphone
-
Tempête "Benjamin" : des annulations de trains en cascade
-
Femme séquestrée : enfermée 5 ans dans un garage
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Cambriolage au Louvre : une nacelle au cœur de l'enquête
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter