Brésil : Jair Bolsonaro a "prévu de nettoyer définitivement" le pays "de la gauche"
Après l'élection au Brésil du candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro dimanche, Maud Chirio, historienne spécialiste du Brésil, évoque sur franceinfo les risques de répression et ses craintes sur le maintien de la Constitution brésilienne actuelle, en contradiction avec le programme défendu par le nouveau président.
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Jair Bolsonaro, élu président du Brésil avec 55% des voix dimanche, a "prévu de nettoyer définitivement" le pays "de la gauche", a indiqué lundi 29 octobre sur franceinfo Maud Chirio, maître de conférence à l'Université Paris Est Marne-la-Vallée, historienne spécialiste du Brésil. "C'est quelque chose que Bolsonaro affirme avec une grande constance depuis plusieurs mois", a-t-elle rappelé, évoquant des risques de "répression". Le nouveau président a beau avoir promis qu'il respecterait "la démocratie et la liberté", l'incertitude est grande quant au maintien de la Constitution brésilienne actuelle, dont les principes sont "totalement contradictoires" avec le programme que défend Bolsonaro, comme le non-respect du droit des minorités, a ajouté Maud Chirio.
Qu'est-ce qui a motivé le choix des Brésiliens ?
Il y a d'abord le rejet d'un système politique considéré comme inefficace face à la crise économique et corrompu, et tout particulièrement le Parti des travailleurs (PT) qui a été au pouvoir depuis 13 ans. Pourtant, le PT n'est pas spécialement plus corrompu que la plupart des autres partis politiques et même beaucoup moins corrompu que le parti de Jair Bolsonaro. Mais cette construction médiatique a été progressivement inculquée à une grande partie de la population qui s'est tournée vers une figure apparaissant comme antisystème et rompant avec les codes de la classe politique traditionnelle brésilienne.
Lors de son allocution dimanche soir, Jair Bolsonaro a tout de même promis de défendre "la Constitution, la démocratie et la liberté". A-t-il mis de l'eau dans son vin ?
Il ne met pas du tout de l'eau dans son vin. La liberté et la démocratie au Brésil sont des mots qui sont associés depuis 1945 au camp anticommuniste. C'étaient les grands mots de la dictature militaire. Le coup d'Etat militaire de 1964 était appelé "la révolution démocratique". Donc quand Jair Bolsonaro parle de liberté, il parle en fait de libéralisme économique, et quand il parle de démocratie, il parle d'anticommunisme, ce qui, dans le Brésil actuel, signifie la répression à l'égard de la gauche et des mouvements sociaux. Il y a par ailleurs une vraie incertitude sur le fait que la Constitution reste en vigueur au Brésil, puisqu'elle est relativement incompatible avec le fait de supprimer l'essentiel des droits des minorités, comme les indigènes, ou le non-respect de la diversité des orientations sexuelles. Ces principes-là sont garantis par la Constitution mais ils sont totalement contradictoires avec ce qu'a promis de faire Bolsonaro.
Le candidat malheureux du Parti des travailleurs, Fernando Haddad, a demandé que ses "45 millions d'électeurs soient respectés". Mais y aura-t-il vraiment une opposition face à Bolsonaro ?
C'est très peu probable pour ce qui concerne le Parti des travailleurs et le Mouvement des sans-terre, qui ont été désignés comme les principaux ennemis du nouveau pouvoir. Est-ce qu'ils vont être poussés à l'exil, est-ce qu'ils vont être mis en prison ? Est-ce que la répression sera plus sanglante ? Ma façon de m'exprimer peut paraître dramatique, mais ce sont les mots de Bolsonaro et de ses partisans. Il a prévu de nettoyer définitivement le Brésil de la gauche. Et ce caractère définitif peut inquiéter les Brésiliens et surtout la communauté internationale. Il est très important d'avoir un regard qui n'est pas le même regard qu'on porte par exemple sur l'Amérique de Trump. Donald Trump est quelqu'un qui est très à droite mais qui n'a jamais prévu d'exterminer son opposition. Or, c'est quelque chose que Bolsonaro affirme avec une grande constance depuis plusieurs mois.
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