Frictions entre Tadjikistan et Kirghizistan autour d’une frontière en pointillé
Mi-juillet 2014, un accrochage entre soldats et civils avait lieu à la frontière entre le Tadjikistan et le Kirghizistan. Le motif : le détournement d'un cours d'eau situé en territoire kirghize vers des terres tadjikes. Un incident qui n’est pas le premier du genre entre ces deux pays d'Asie centrale. Ces tensions sont générées notamment par une non-délimitation des frontières datant de l'URSS.
Selon l’AFP, les gardes-frontières kirghizes sont tombés sur un groupe de «trente citoyens du Tadjikistan» en train de construire un canal pour détourner un cours d'eau vers la commune voisine, située dans l'enclave de Voroukh en territoire tadjik. La suite : un affrontement entre les parties, suivi d’une fusillade avec des gardes-frontières tadjiks. Et le renvoi de la responsabilité de chaque pays sur son voisin.
Par le passé, des patrouilles communes ont été envisagées le long de la ligne de démarcation entre les deux Etats pour éviter les troubles interethniques. Sans que l'initiative ne se concrétise.
Les frontières non-délimitées
Mais au-delà de l’incident frontalier entre deux peuples, on trouve «au cœur du problème, la non-délimitation de frontières floues datant de l'époque soviétique. Dans ce qui a été interprété comme une ruse stalinienne, l'Union Soviétique a créé des poches de territoire kirghize, tadjik et ouzbek hors du territoire principal de ces Républiques. D'où l'existence de ces "exclaves" dont les habitants veulent relier les villages à leurs "patries" tandis que les habitants de la "métropole" veulent construire des infrastructures de contournement pour s'épargner les tracasseries d'un passage de frontière», analyse le site Global Voices.
Côté tadjik, sur le site du ministère des Affaires étrangères, on peut lire: «La longueur de la frontière d'Etat de la République du Tadjikistan avec la République du Kirghizistan est d'environ 987km (…). Après l'effondrement de l'URSS et l'indépendance (des deux Républiques en 1991), la question de la nécessité d'une délimitation de la frontière de l'Etat avec la République kirghize a surgi.»
L’exemple de la vallée de Fergana, située à cheval entre le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, en est une bonne illustration. Tant que les Etats faisaient partie de l’Union soviétique, il n’y avait pas de problème. Mais quand le démantèlement de l’URSS a eu lieu (1990-1991), les bases de la coopération ont volé en éclats, «tandis que la population a augmenté. Le résultat a été des affrontements entre voisins de différentes nationalités», explique pour sa part The Economist.
Pour Anna Matveeva, une spécialiste de l’Asie centrale (citée par le journal) évoquant cette vallée très peuplée et pauvre, «le processus prolongé de la délimitation de la frontière y augmente le risque de conflit. Le danger, c'est qu'une querelle locale pourrait faire glisser les deux pays dans la violence. Les villageois sont maintenant psychologiquement prêts à se battre.» Les affrontements de 2010 l’ont montré.
Des crispations dans chaque camp
Et ce nouvel accrochage pour l’appropriation de l’eau semble le confirmer. Tout comme les crispations entre les citoyens des deux pays, notamment les jeunes. Ceux-ci semblent développer au fil des ans un nationalisme exacerbé et des comportements violents, comme l'indique Madeleine Reeves, une anthropologue de l'Université de Manchester, dans The Economist. Chaque camp étant stigmatisé par l’autre camp. Et l’envoi de la troupe à chaque incident ne fait qu’amplifier l’hostilité. Selon Mme Reeves, la militarisation «envoie un message aux enfants que c'est une région où ils doivent avoir peur de leurs voisins qui vivent à quelques mètres».
Dans une région où seuls 500 kilomètres de frontières ont été délimités, les trois à quatre réunions par an d’une Commission intergouvernementale pour discuter de la ligne de démarcation inter-frontalière suffiront-elles à faire bouger les lignes rapidement ? On peut en douter !
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