Crise des sous-marins : "C'est une perte symbolique plus que financière" pour Naval Group, analyse un spécialiste
Si la France ne peut pas être un "acteur majeur" dans la zone indopacifique, l'échec est lui "majeur parce que c'était un contrat stratégique". Le chèque de 555 millions d'euros à Naval group ne peut pas dédommager la France du préjudice politique, analyse Jean-Dominique Merchet.
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"C'est une perte symbolique plus que financière" pour Naval Group, a affirmé samedi 11 juin sur franceinfo Jean-Dominique Merchet, journaliste à L’Opinion, spécialiste des questions militaires et auteur du blog Secret Défense alors que l'Australie dédommage Naval Group pour rupture de contrat portant sur des sous-marins français. Le gouvernement australien va verser 555 millions d'euros au groupe français qui "ne va pas perdre d'argent". En revanche, la crise des sous-marins reste "un échec majeur parce que c'était un contrat stratégique pour la France dans cette région du monde", a expliqué Jean-Dominique Merchet.
franceinfo : Est-ce un règlement équitable ?
Jean-Dominique Merchet : La part qui revenait à la France est beaucoup moins importante que ce que l'on a dit. On n'a jamais su exactement. C'était confidentiel. C'était de l'ordre de 10 milliards pour la France, pas 50 milliards. Une partie revenait à l'industrie américaine et à l'industrie australienne, évidemment. Là, c'est un accord commercial. Lorsqu’une entreprise passe un accord et que cet accord est dénoncé, il y a des clauses et cela se négocie. Et au final, effectivement, vous devez rembourser. On est exactement dans ce principe d'un accord commercial. Il y a également, évidemment, une dimension politique dans l'affaire. Mais c'est vraiment deux choses différentes.
Un chèque peut-il vraiment compenser le préjudice ?
Politiquement, non ! Pour la France, c'est un échec majeur parce que c'était un contrat stratégique pour elle dans cette région du monde. Finalement, Naval Group ne va sans doute pas si mal s'en sortir puisqu'il rentre dans ses frais. Il ne va pas perdre d'argent. Il ne vendra pas ses sous-marins aux Australiens, mais c'est une perte symbolique plus que financière. Après, politiquement, on voit bien qu'il y a une tentative de réconciliation entre la France et l'Australie. Le gouvernement australien, qui avait dénoncé l'accord, a perdu les élections au mois de mai dernier. Il y a en ce moment une conférence à Singapour, entre toutes les puissances régionales, dont la France, qui est présente dans la région. Et donc, on voit bien qu'il y a une nouvelle phase qui s'ouvre, qui est une phase de détente entre la France et l'Australie.
Les débouchés commerciaux ont-ils changé pour la France ?
Globalement, non. L'Australie a fait un choix définitif qui est de s'allier d'abord avec les États-Unis et la Grande-Bretagne dans cette région du monde face à la Chine. La France veut continuer à peser dans ce qu'on appelle la zone indopacifique. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, est même à Singapour, à cette conférence sur l'Indopacifique. Lui-même est un ancien ministre de l'Outre-mer, donc il est sensibilisé à ces questions.
"Ne rêvons pas ! La France ne peut avoir qu'une position marginale dans cette région du monde face à des pays comme le Japon, l'Australie, la Corée, les États-Unis."
Jean-Dominique Merchet, journaliste à "L’Opinion"à franceinfo
Cela ne veut pas dire que la France ne sera pas présente, mais elle ne peut pas être un acteur majeur, alors qu'on voit bien que les enjeux majeurs pour les Européens aujourd'hui sont plutôt de notre côté du monde avec la crise ukrainienne.
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