"Qu'est-ce qui va nous rester ?" : contre le "décret de la colère" en Argentine, des concerts de casseroles et beaucoup d'amertume
Moins d'un mois après son accession au pouvoir, des rassemblements spontanés dans de nombreuses villes du pays contre Javier Milei, dont des mesures prévoient d'abroger des centaines de normes et limiter les libertés publiques.
C'est un bruit métallique qui résonne aux quatre coins de Buenos Aires, et dans plusieurs villes argentines, depuis maintenant dix jours, et la présentation du décret de la colère. Comme des milliers d’autres manifestants présents face au Congrès, dans la capitale, José, 64 ans, tape sur une casserole avec une spatule. "C’est lamentable de perdre comme ça notre souveraineté avec la privatisation de nos entreprises publiques ou la vente de nos terres à n’importe quel acheteur... Qu’est-ce qui va nous rester ?"
Ce méga-décret prend effet vendredi 29 décembre, et contient de nouvelles mesures très radicales. Dans la droite ligne de ce qu'avait promis Javier Milei lors de la campagne, il vise à modifier ou abroger près de 300 normes qui, selon le nouveau président, bloquent la vie économique du pays.
Malgré l'opposition politique, malgré l'opposition judiciaire, qui ne manqueront pas de se mettre en place, malgré des doutes sur la constitutionnalité du processus, le texte devrait bien s'appliquer puisque c'est via un DNU, un décret de nécessité et d'urgence, que Javier Milei a légiféré. Cela permet la mise en place des mesures sans qu'elles aient été avalisées par le Parlement, où le président est loin d'avoir la majorité. Les députés et sénateurs n'auront leur mot à dire qu'après, lors de l'examen du projet de loi aux 664 articles, 350 pages en tout, qui doit entériner définitivement les mesures.
Suppression d'élections, droit de manifester limité...
Il s'agit entre autres de supprimer l'encadrement des loyers ou l'intervention de l'Etat pour protéger les prix de produits essentiels, d'affaiblir la protection des travailleurs ou encore de lancer un vaste programme de privatisation. Rien ne sera épargné : suppression de certaines élections, limitation du droit à manifester, nouveau mode de calcul des retraites et pensions... Via ce "DNU", Javier Milei attaque aussi frontalement plusieurs droits et libertés des Argentins. Autant de mesures qui viennent s'ajouter à celles plus économiques déjà prises pour réduire le déficit budgétaire comme la très importante dévaluation de la monnaie nationale ou la baisse de certaines subventions, qui ont conduit à une explosion des prix.
"Que le président Milei règle les problèmes financiers du pays mais d’une autre manière sans nuire au peuple!"
José, un Argentin de 64 ansà franceinfo
En Argentine, un appel à une grève générale le 24 janvier a été lancé jeudi 28 décembre par les syndicats. Et déjà, dans la rue, quinze jours après être arrivé au pouvoir, Javier Milei, trouve de la résistance. En plus des marches de syndicats et d’organisations sociales, il y a de plus en plus de rassemblements spontanés d’Argentins dans leurs quartiers.
"Il ne peut pas changer le pays en 15 jours !"
"La patrie n’est pas à vendre !" : voilà ce que chantent les Argentins en colère. Parmi eux, Vanina, 30 ans, a pourtant voté pour Milei. "Je crois que la plupart des mesures économiques qu’il propose sont nécessaires mais graduellement. Il ne peut pas changer le pays en 15 jours ! Parce que sinon les seuls qui souffrent sont les classes moyennes et basses", dit Vanina, qui a perdu son travail. "Mais le fait de voir tous ces gens, ça m’a rechargé d’énergie."
"Beaucoup d’entre nous l’avons soutenu pour arriver au pouvoir, mais pas pour qu’il fasse des changement si radicaux et drastiques."
Vanina, 30 ansà franceinfo
La révolution anarcho-capitaliste promise par le président est en marche. Mais entre la résistance dans les rues et l’analyse certainement laborieuse de centaines d’articles au Congrès, le rêve de Milei d’une Argentine libérale ne sera pas si facile à réaliser.
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