Génocide au Rwanda : 27 ans après, les rescapés des massacres continuent de traquer les responsables, jusqu'en France
Des dizaines de génocidaires présumés n'ont toujours pas été jugés et plusieurs sont soupçonnés de se cacher en France.
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Le 7 avril 1994 débutait le génocide des Tutsis au Rwanda. Aujourd'hui, 27 ans après, tout est loin d'être clos : les rescapés des massacres attendent toujours que les responsables soient trouvés et jugés. La semaine dernière, un rapport a aussi pointé les "responsabilités lourdes et accablantes" de la France dans ce drame. Des dizaines de génocidaires présumés se cachent encore dans l'hexagone. L'an dernier, l'arrestation retentissante, en banlieue parisienne, de Félicien Kabuga, 87 ans, considéré le financier du génocide, a d'ailleurs marqué un premier tournant.
Dans cette petite rue tranquille, un immeuble moderne, anodin d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), personne ne prenait garde à ce vieux monsieur africain à la santé fragile. Pourtant, le 16 mai 2020 à 6 heures du matin, Éric Émeraux, chef de l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité, est avec ses collègues qui font sauter au vérin la porte de cet appartement où les ont menés des années d'enquête. Un dossier accéléré par une piste médicale, qui a permis d'identifier l'ADN de Félicien Kabuga.
Arrêter la "chaîne d'impunité"
"Les fugitifs présumés responsables d'atrocités et de crimes contre l'humanité dans leur pays cherchent souvent à endosser la tenue de camouflage du bon citoyen pour passer en dessous des radars et être parfaitement anonymisés dans le paysage, explique Éric Émeraux. Mais une cavale, d'une manière générale, coûte beaucoup d'argent. La plupart du temps, la communauté à laquelle appartient l'individu, arrive en soutien pour aider la personne."
Félicien Kabuga devrait être jugé cet été en Tanzanie par un tribunal international.
Le jour de son arrestation, Jeanne Uwimbabazi s'est dit que quelque chose allait peut être changer : "Je sais que j'eu des frissons sur tout le corps. Je me suis assise, je me suis dit dix fois 'c'est pas vrai, c'est pas vrai, c'est pas vrai'." Jeanne avait 16 ans en 1994 à Kigali. Tendons sectionnés, coup de machette dans la nuque, elle a été laissée pour morte. Ses sœurs, ses parents, d'autres proches ont tous été massacrés. "Je me suis dit, 'enfin, même s'il ne parle pas, même si on ne va pas jusqu'au procès, tant pis, mais enfin on arrête cette chaîne d'impunité'."
"Pendant 27 ans, les présumés génocidaires paradaient parce qu'ils se sentaient intouchables en France. Là, on met fin à ça, c'est juste ça qui est un immense soulagement."
Jeanne Uwimbabazi, une rescapée du génocideà franceinfo
Depuis 25 ans, Alain Gaultier est en connexion permanente avec le Rwanda, au côté de sa femme Dafroza, qui a perdu près de 80 proches dans la folie génocidaire. On les surnomme les "Klarsfeld du Rwanda". Au nom du collectif des parties civiles pour le Rwanda, ils traquent sans relâche ceux qui sont cachés à Gisors, Toulouse, Orléans... "On apprend par internet, ou par des témoins anonymes qui nous signalent en France la présence de personnes susceptibles d'avoir participé au génocide. À ce moment-là, nous n'avons pas d'autre solution que de partir au Rwanda pour rencontrer les complices des gens que nous voulons poursuivre en France, explique-t-il. Ce sont des génocidaires, ils sont en train de purger des peines lourdes de prison, souvent la perpétuité et ils n'acceptent pas vraiment que leurs commanditaires soient tranquillement réfugiés en France", poursuit Alain Gaultier.
En tout, une trentaine de plaintes sont instruites par la justice française. Mais il reste des dizaines de génocidaires présumés en France, dont Agathe, la veuve du président Habyarimana, visée par une plainte pour complicité dans le génocide. Déclarée persona non grata, elle continue de vivre pourtant dans l'Essonne, dans le silence des fantômes des 800 000 morts du génocide des Tutsis au Rwanda.
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