Pollution de l'air: l'Afrique pas encore développée, déjà polluée
Embouteillages, essence mal raffinée, véhicules et usines crachant des fumées noires telle est la réalité des villes africaines. L’urbanisation du continent entraîne une explosion des maladies respiratoires et des décès prématurés liés à la pollution de l'air. Sur le continent, la «modernité» se cumule avec la pauvreté synonyme de cuisson au charbon de bois et aux chauffages défectueux.
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En Afrique, les décès prématurés provoqués par la pollution de l’air ont augmenté de 36% entre 1990 et 2013, révèle une étude de l’OCDE. Les problèmes respiratoires suivent la croissance des villes, dont la population augment de 20% tous les cinq ans. Un fléau supplémentaire pour un continent confronté aux problèmes des pays émergeants, avant même d’être sortie du sous-développement.
En 1990, quelque 577.380 africains décédaient prématurément en raison de la pollution par les particules fines. Ils étaient 712.482 en 2013. Cette étude de l'OCDE dévoile un phénomène qui n'avait fait l'objet, jusqu'ici, d'aucune évaluation. Le continent africain n’avait jamais mesuré les effets de la pollution atmosphérique sur la population, contrairement à l'Asie où la dégradation massive de l'air est en revanche désormais bien documentée.
«Ce n'est pas une surprise de constater qu'entre 1990 et aujourd'hui, et sur les périodes intermédiaire de cinq ans, le poids de la mortalité par la pollution de l'air en Afrique a grimpé en corrélation avec la croissance de la population urbaine», pointe le rapport. En un quart de siècle, les villes africaines sont passées de 196 millions à 466 millions d'habitants, soit une augmentation de 20% tous les cinq ans. Dans les mêmes intervalles, la mortalité par les particules fines et les hydrocarbures a cru de 5,3% entre 1990 et 1995 pour s'accélérer à 8,3% entre 2010 et 2015.
Des sources de pollution multiples
Dans les métropoles occidentales, la principale source de pollution reste le trafic automobile qui intervient dans la moitié des morts attribuables à l’air pollué. Dans les villes africaines, cette source est exacerbée par le fait que les pots catalytiques sont absents des véhicules, que les modèles sont plus anciens et les carburants de moins bonne qualité. A cela s'ajoute l'insuffisance des infrastructures routières pour écouler le trafic, d’où d’énormes bouchons.
Ces émissions se combinent avec celles des usines peu équipées en système de lavage de fumées, des millions de générateurs au diesel qui pallient les insuffisances de la distribution électrique et la combustion des déchets entassés dans des décharges à ciel ouvert.
A cette pollution atmosphérique, s'ajoute la pollution domestique: cuisine au charbon, poêles à combustible inefficaces… Les composés toxiques tels que le dioxyde de soufre, le benzène et le monoxyde de carbone risquent de devenirs des problèmes majeurs dans les villes africaines, malgré le faible nombre d'études sur la question à ce jour.
Dans les quartiers périphériques des grandes aglomérations, le principal mode de cuisson des aliments reste le charbon de bois dans des foyers ouverts, principale source de pollution de l’air intérieur. La situation est enfin compliquée par des sources naturelles très émettrices comme le désert du Sahara, grand pourvoyeur de micro poussières d’Afrique du Nord à l’Afrique sub-saharienne.
Menace pour la santé ét l'économie
L’OCDE note que ce problème de santé publique s’ajoute à des fardeaux sanitaires qui n’ont pas encore été résolus comme l’accès à l’eau potable, l’assainissement des eaux usées, la malnutrition qui restent des problèmes majeurs dans 28 des 54 pays africains.
Si sur ces sujets, des progrès ont été accomplis, ce n’est pas le cas en matière de pollution de l’air qui s’aggrave. L’accélération de l’urbanisation ne devrait pas arranger les choses. L’Afrique devrait, en effet, passer de 1,2 milliard d’habitants actuellement, à 2,5 milliards en 2050, dont 60% de la population se situe dans les villes.
Au total, l’OCDE estime que la pollution de l’air coûte tous les ans 200 milliards d’euros aux pays africains. Ces rejets massifs de suies et de carbone ont également un effet puissant sur le réchauffement climatique.
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