Ces voix musulmanes en désaccord avec l'intervention française au Mali
Le 20 janvier, dans une vidéo, l’ancien émir d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), fondateur de la brigade Moulathamine («Ceux qui signent avec leur sang»), Mokhtar Belmokhtar, s'exprimait sur l’intervention française au Mali.
L'Algérien intimait à la France de cesser immédiatement ses bombardements aériens au nord-Mali. Quelques jours plus tard, Hacen Ould Khalil, se définissant comme un porte-parole du mouvement islamiste, déclarait à Paris Match que la France «des croisés et des juifs sionistes paiera son agression contre les musulmans du nord du Mali ; mais pas seulement, ses valets aussi.»
Ces menaces faisaient écho aux voix de trois dignitaires religieux salafistes marocains influents (condamnés à des peines de 10 à 30 ans pour incitation à la violence après les attentats de Casablanca de mai 2003 avant d’être grâciés) qui vouaient aux gémonies les troupes françaises dès le 16 janvier.
Des voix dissonantes de celles du gouvernement marocain qui avait ouvert, dès le début des opérations, l’espace aérien aux avions français, comme d’ailleurs les autorités algériennes.
Le président égyptien dénonce l'intervention
Mais un autre son de cloche, et non des moindres, a fait sortir du cadre purement religieux les critiques. C’est celui de Mohamed Morsi. Issu des Frères musulmans, le président égyptien a estimé que l’intervention était «de nature à alimenter le conflit dans la région». Selon lui, «l'intervention doit être pacifique et (...) des fonds doivent être investis dans le développement. Ce que nous ne voudrons jamais, c'est séparer le nord arabe du cœur de l'Afrique.»
Avec ces déclarations, veut-il apparaître comme un chef d’Etat indépendant, trouvant dans l’affaire malienne une opportunité d’affirmer sa politique africaine ? C'est ce qu'affirme Sonia Dridi, correspondante de France 24 au Caire.
Le Qatar contre le recours à la force
L'Union internationale des oulémas musulmans avait, elle aussi, été prompte à dénoncer, le 17 janvier, «la précipitation de la France à déclencher la guerre, avant d'avoir épuisé tous les moyens de parvenir à une solution pacifique et à la réconciliation nationale.» Cet organisme basé au Qatar, dirigé par l'influent dignitaire musulman Youssef al-Qaradaoui, est la caution religieuse de la politique étrangère de l’émirat.
Et l’organisation d’ajouter : «Cette intervention militaire aura des conséquences dangereuses, qu'il s'agisse des morts, des destructions, des déplacements de population» ou de l'aggravation de la famine au Mali. Deux jours auparavant, le Premier ministre qatari, cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani, pour qui le recours à la force ne règlerait pas le problème, avait mis en doute le bien-fondé de l'intervention et appelé au dialogue.
Mises au point
D’aucuns accusent le petit émirat de financer les groupes islamistes. Pour le politologue Mohamed Darif, «il faut faire la différence entre le salafisme traditionnel et le salafisme jihadiste qui est très violent ». Selon lui, «le premier est financé par l'Arabie Saoudite et le Qatar et le second, est lié à Al-Qaïda».
Le 22 janvier, Mahmoud Dicko, le président du Haut Conseil islamique du Mali, réfutait les allégations «de certains pays musulmans», précisant que l’intervention française «n'est pas une agression contre l'islam». Interrogé sur ces pays, il répondait alors: «Je pense à des pays comme le Qatar, parce que la personnalité la plus influente du monde musulman qui a dénoncé cette intervention se trouve aujourd'hui au Qatar.»
«C'est la France qui a volé au secours d'un peuple en détresse, abandonné par tous ces pays musulmans à son propre sort», affirmait encore Mahmoud Dicko, qui a tenté une médiation entre les islamistes et le gouvernement de Bamako en août 2012, en vain.
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