Au Mali, les mercenaires russes du groupe Wagner ont torturé des "centaines de civils", selon un collectif de journalistes

Des rescapés ont livré des témoignages accablants à Forbidden Stories. Le groupe paramilitaire a récemment annoncé son départ du pays, et ses contingents seront intégrés dans des unités de l'Africa Corps, organisation sous contrôle du ministère de la Défense russe.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Capture d'écran d'une vidéo annonçant le retrait du groupe Wagner du Mali. (TELEGRAM)
Capture d'écran d'une vidéo annonçant le retrait du groupe Wagner du Mali. (TELEGRAM)

Les paramilitaires russes de Wagner ont récemment annoncé leur départ du Mali, après trois ans et demi de présence dans le pays. Durant tout ce temps, révèle une enquête du collectif de journalistes Forbidden Stories, ils ont "kidnappé et détenu des centaines de civils sur d'anciennes bases de l'ONU et dans des camps militaires partagés avec l'armée malienne".

Les personnes interrogées pour l'enquête, depuis des camps de réfugiés en Mauritanie, un pays voisin, ont témoigné des sévices subis dans les geôles des mercenaires russes. Certains rescapés racontent avoir subi des simulacres de noyade, reçu des coups portés avec des câbles électriques, ou encore avoir été brûlés par des mégots de cigarettes. L'enquête révèle une litanie d'exactions : "enlèvements, arrestations arbitraires, absence de contact avec le monde extérieur, recours à la torture systématique – parfois jusqu'à la mort".

Trois ans et demi de présence au Mali

Le collectif a identifié six lieux de détention – Bapho, Kidal, Nampala, Niafunké, Sévaré, Sofara – où le groupe paramilitaire russe a détenu des civils entre 2022 et 2024, mais ce nombre pourrait être "bien plus élevé", selon Forbidden Stories. Ce travail d'investigation a été mené en collaboration avec la chaîne française France 24, le quotidien français Le Monde et le site russe indépendant IStories.

Depuis trois ans et demi, le Mali a fait appel au groupe Wagner pour l'aider dans sa lutte contre les groupes jihadistes qui ont fait des milliers de morts sur son territoire. Vendredi, une chaîne Telegram affiliée à Wagner a annoncé que le groupe quittait le Mali. Ses contingents seront réintégrés au sein de son successeur, l'Africa Corps, une autre organisation sous le contrôle du ministère de la Défense russe, selon des sources diplomatiques et sécuritaires.

L'ONU a accusé dans un rapport l'armée malienne et des combattants "étrangers" d'avoir exécuté en mars 2022 au moins 500 personnes lors d'une opération antijihadiste à Moura, dans le centre du pays, ce qu'a réfuté la junte malienne. Selon les Occidentaux, ces combattants étrangers étaient des membres de Wagner. En avril, des corps ont été découverts aux abords d'un camp militaire malien, quelques jours après l'arrestation par l'armée et des paramilitaires de Wagner de dizaines de civils, appartenant pour la plupart à la communauté peule.

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