Lancement du premier satellite kényan : "Un ticket d'entrée dans l'espace pour des nations qui ont envie d'indépendance spatiale", selon le journaliste Olivier Sanguy
Le Kenya lance mardi son premier satellite d'observation de la Terre, ce qui va permettre au continent africain de "bâtir un tissu universitaire scientifique", selon Olivier Sanguy, chargé de l’actualité spatiale à la Cité de l’espace de Toulouse, lundi sur franceinfo.
Le lancement du premier satellite kényan mardi est "un ticket d'entrée dans l'espace pour des nations qui ont envie d'indépendance spatiale", explique lundi 10 avril sur franceinfo Olivier Sanguy, chargé de l’actualité spatiale à la Cité de l’espace de Toulouse, alors que le Kenya lancera mardi 11 avril son premier satellite d'observation de la Terre à bord d'une fusée Falcon 9 de la société américaine SpaceX. L'enjeu de ce lancement pour l'Afrique est la "souveraineté de données", et va permettre au continent africain de "bâtir un tissu universitaire scientifique".
franceinfo : Est-ce que c'est l'indépendance du Kenya et du continent africain en matière spatiale qui se joue ?
Olivier Sanguy : C'est une histoire de souveraineté de données. On est dans un monde de données. Ce satellite va envoyer des données sur le territoire du Kenya et le Kenya va les exploiter. C'est un petit satellite assez simple. Il fait 30 centimètres de longueur sur 10 centimètres de large, mais il a une caméra que l'on appelle multi-spectrale. On montre des images et les couleurs, en gros, donnent l'état de végétation, l'état de l'humidité des sols. Cela permet de prendre des décisions régaliennes, c'est-à-dire où est-ce qu'on doit développer l'agriculture, où est-ce qu'il faut mettre plus d'eau, moins d'engrais. Et le Kenya l'a dit lui-même : 'nous n'allons pas avoir besoin de quelqu'un d'autre. Nous avons notre propre instrument dont nous sommes souverains'. Donc on voit très bien cet enjeu.
Un petit satellite, est-ce que c'est efficace et moins cher ?
Oui, et ce sont en effet les deux qualités de ces petits satellites qu'on appelle les CubeSat. C'est une norme. Imaginez un cube de 10 centimètres. Et à partir de là, vous faites des satellites de plusieurs formes, de plusieurs grandeurs. Autrement dit, il y a une norme d'installation de lancement. Il faut savoir que la fusée Falcon 9 de SpaceX aujourd'hui va lancer plus d'une trentaine de satellites d'un coup. C'est un peu le Blablacar de l'espace. C'est moins cher par satellite. Donc c'est plus petit, performant, moins cher, ça n'a quasiment que des qualités.
Est-ce que cela a de l'avenir ?
C'est un ticket d'entrée dans l'espace pour des tas de nations qui ont envie d'indépendance spatiale et d'indépendance des données, notamment en Afrique. Il y a tout un mouvement avec des créations des agences spatiales. Ils veulent que des ingénieurs du continent africain 'designent' le satellite, le fabriquent, pas encore le lancent, et exploitent les données. Comme cela, ils vont bâtir un tissu universitaire scientifique.
Est-ce que cela passe par une coopération entre les différents pays d'Afrique ?
C'est envisagé. Il a même été créé une African Space Agency, une sorte d'agence spatiale du continent africain qui veut fédérer le savoir-faire africain en matière spatiale. Cela permet d'être plus puissant pour signer des accords. Il faut savoir que, pour ce petit satellite kényan, il y a une société bulgare, qui s'appelle EnduroSat, qui les a aidés à mettre au point le satellite. Mais le Kenya insiste : le satellite est bel et bien un produit kényan.
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Ce n'est donc pas anodin que la Chine propose ses services ?
Oui, il y a un fort enjeu diplomatique. C'est ce qu'on appelle un peu du soft power. Parfois, la Chine propose un satellite clé en main, financé par des banques chinoises. Et en échange, il y a souvent, par exemple, un accès de premier rang à certaines ressources naturelles du pays. Donc c'est intéressant. Mais d'autres pays décident d'aller par des petits pas plus progressifs, mais être indépendant, c'est un autre choix.
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