Mort massive et mystérieuse des éléphants du Botswana : les hypothèses
En quelques mois, au moins 275 éléphants sont morts. Pour l'heure, nul n'en connaît les causes. En absence d'éléments tangibles, il reste des hypothèses.
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Les chiffres annoncés varient beaucoup. Selon Elephant without Borders (EWB), l'ONG qui a révélé cette mortalité suspecte, il y aurait au moins 350 cadavres. De leur côté, les autorités annoncent 20% de décès en moins. Selon Cyril Taolo, le directeur du département de la vie sauvage et des parcs, ce sont en effet 275 carcasses qui, pour l'heure, ont été retrouvées.
Un phénomène qui se répète
275 animaux, ô combien emblématiques, décédés en quelques semaines, cela fait beaucoup. D'autant que le phénomène se répète. En octobre 2019 déjà, une mortalité d'ampleur avait alerté les médias. Une centaine d'éléphants au Botswana et 50 au Zimbabwe voisin – où les animaux se déplacent sans contrainte – avaient été retrouvés morts. A l'époque, la sécheresse et la bactérie de l'anthrax (maladie du charbon) étaient données pour responsables.
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A en juger par les images, les carcasses des animaux sont plus ou moins récentes. Une douzaine de morts avait déjà été constatée au début du mois de mai (lien en anglais) dans ce secteur du delta de l'Okavango. Selon Elephant Without Borders (Eléphants sans frontières), elles s'étaleraient sur trois mois. Comme si un mal insidieux frappait les animaux depuis longtemps.
Un virus ?
Un virus ou une bactérie pourraient-ils être responsables de ces nouvelles morts ? Curieusement cette fois, les autorités rejettent, malgré l'absence d'analyse, une infection liée à la maladie du charbon. Une bactérie funeste pour les herbivores, liée à la putréfaction des corps dans la nature, et qui résiste fortement à la chaleur et à la sécheresse en pouvant rester active dans le sol souillé. L'animal l'ingère en broutant ou en fouillant la terre.
Surpopulation
En 2019, on pointait aussi la surpopulation chronique d'éléphants dans le pays. 135 000 pachydermes vivent en toute liberté au Botswana, soit le tiers de la population d'éléphants d'Afrique. Devenu un sanctuaire pour les pachydermes, le Botswana a vu leur population tripler en une trentaine d'années. Faute de nourriture abondante voire suffisante, cela pourrait être fatal pour les individus les plus faibles.
Le poison ?
D'emblée, le braconnage a été écarté, au motif que les animaux ont conservé leurs défenses, unique objet d'intérêt et de toutes le convoitises.
Or le poison, devenu l'arme favorite des braconniers, fait figure de piste potentielle. Ils utilisent régulièrement du cyanure. Pas directement dans l'eau, ce qui s'accompagnerait de morts d'autres animaux, mais dans les zones où paissent les éléphants. Le comportement observé chez certains pachydermes qui semblent désorientés, comme victimes d'un neuro-toxique, plaide pour cette hypothèse.
Coexistence difficile
Si cela n'est pas l'œuvre de braconniers, il reste enfin la piste de la population locale, dont on connaît le contentieux qui l'oppose aux pachydermes. La coexistence est loin d'être pacifique. Les agriculteurs se plaignent du saccage de leurs cultures par des animaux à la recherche de nourriture. "Les éléphants circulent librement. Ils s'introduisent dans les champs, piétinent les récoltes et s'attaquent parfois aux habitants", écrivait le journal Le Monde en 2015.
L'empoisonnement pourrait être le geste d'une population exaspérée qui veut se débarrasser du problème. D'ailleurs, sept éléphants morts sur dix ont été retrouvés à proximité d'un point d'eau, comme attirés dans un piège.
Polémique sur la protection des éléphants
Des prélèvements ont été effectués sur les animaux morts. Les analyses permettront, peut-être, de connaître les raisons de ces décès massifs. Quoi qu'il en soit, elle apporte de l'eau au moulin des associations de protection qui bataillent contre les actions de régulation des troupeaux. Le Botswana a ainsi rétabli, depuis cette année, la chasse à l'éléphant, accordant 272 permis pour l'année 2020. Une décision décriée, tant pour la méthode que pour une nécessité non avérée, selon les associations.
Les premières chasses n'ont toujours pas eu lieu, faute de chasseurs. Ces clients fortunés étant restés chez eux à cause du coronavirus.
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