Crash d'Air Algérie en 2014 : la compagnie Swiftair demande une nouvelle fois à ce que la Cour de Justice de l'UE soit saisie, une stratégie "insupportable" pour les proches des victimes

Il y a 11 ans, en juillet 2014, le crash du vol AH5017 d'Air Algérie dans le nord du Mali avait fait 116 morts, la totalité des passagers.

Article rédigé par franceinfo
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Un fragment du vol AH5017 d'Air Algérie qui s'est écrasé dans la région de Gossi au nord du Mali le 24 juillet 2014, photo prise le 1er août 2014. (SEBASTIEN RIEUSSEC / AFP)
Un fragment du vol AH5017 d'Air Algérie qui s'est écrasé dans la région de Gossi au nord du Mali le 24 juillet 2014, photo prise le 1er août 2014. (SEBASTIEN RIEUSSEC / AFP)

La compagnie aérienne espagnole Swiftair, poursuivie pour "homicide involontaire" après le crash d'un avion en 2014, demande une nouvelle fois à la justice de saisir la Cour de Justice de l'Union européenne, afin de suspendre la procédure pénale en France, rapporte, mardi 20 mai, ICI Saint-Etienne Loire (ex-France Bleu). Les proches des victimes dénoncent une stratégie "insupportable".

Il y a 11 ans, en juillet 2014, le crash du vol AH5017 d'Air Algérie dans le nord du Mali avait fait 116 morts, la totalité des passagers. L'avion "était parti du Burkina Faso et devait atterrir à Lyon via Alger. Parmi les victimes, se trouvaient 54 Français dont des binationaux. En 2017, Swiftair avait été mise en examen pour "homicide involontaire". Les juges soupçonnaient d'importants manquements dans la formation des pilotes. Depuis, la date d'un procès ne cesse d'être repoussée.

"Il y a aussi peut-être une volonté d'épuisement de la part de Swiftair"

Swiftair, propriétaire de l'avion accidenté, demande, à nouveau, à ce que la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) se prononce sur la légalité de la tenue d'un procès en France. Il y a deux mois, sa demande avait déjà été jugée irrecevable. Début avril, la justice européenne avait en effet déclaré irrecevables une série de questions de droit transmises par le tribunal correctionnel de Paris dans le cadre de la procédure pour homicides involontaires contre la compagnie espagnole. Initialement, Swiftair devait être jugée en octobre 2023 à Paris. Mais le tribunal correctionnel avait transmis en juillet 2023 à la Cour de Justice de l'Union européenne quatre questions préjudicielles, soulevées par la défense de la compagnie.

Après cette nouvelle demande de la part de la compagnie, l'association des familles de victimes "AH5017-Ensemble" dénonce une "stratégie dilatoire" pour ralentir la procédure pénale. "La question que l'on se pose, c'est qu'est-ce que craint la compagnie Swiftair pour, à ce point, multiplier les démarches ?", questionne Suzanne Aillot, vice-présidente de l'association des familles de victimes. "On en est à la cinquième pour essayer de faire arrêter ce procès".

Pour Sébastien Buzy, l'avocat des familles, la stratégie de la compagnie est claire : "C'est d'éviter à tout prix qu'il y ait un procès pénal [...] Il y a aussi peut-être une volonté d'épuisement de la part de Swiftair, que ça soit un épuisement pécuniaire ou un épuisement psychologique". Si le tribunal correctionnel refuse de transmettre la requête de Swiftair à la CJUE, le procès du crash AH5017 devrait se tenir, au plus tôt, à la fin de l'année 2026.

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