Vidéo Neige artificielle, transports des spectateurs, infrastructures... faire des Jeux durables, une mission impossible pour Alpes 2030 ?

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Article rédigé par Cédric Cousseau
France Télévisions

Guillaume Desmurs pointe, dans son ouvrage "Le crépuscule des Jeux", l'empreinte environnementale de la remise aux normes des infrastructures, la nécessaire fabrication de la neige artificielle pour les sites de compétition ou l'acheminement des spectateurs et sportifs.

"N'en déplaise aux ronchons, pratiquer la montagne et les sports d'hiver autrement ne veut pas dire ne pas les pratiquer." Renaud Muselier a tenu à envoyer un message, mardi 18 février, au premier jour du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) des Alpes 2030, à Lyon. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur sait que la question environnementale sera brûlante au cours des cinq prochaines années, avant un événement qui promet la "sobriété" et une nouvelle vision pour les territoires alpins. Dans son livre-enquête Le crépuscule des Jeux (éd. Paulsen, 2025), le journaliste Guillaume Desmurs s'intéresse à l'impact d'une telle manifestation dans un lieu, souffrant déjà des conséquences du réchauffement climatique. 

L'enjeu de l'eau

Le défi est énorme pour Renaud Muselier et Laurent Wauquiez, le président de l'autre région hôte, Auvergne-Rhône-Alpes, et désormais Edgar Grospiron, nommé à la tête du Cojop. L'ancien champion de bosses l'a admis à Ici Pays de Savoie : "Les discussions vont être animées !".  Il ne s'est pas beaucoup plus aventuré, notamment sur le sujet de l'enneigement. Le skieur a rappelé l'évidence : "La base est de toute façon la neige artificielle, surtout pour les épreuves qui se déroulent en dessous de 1 500 mètres".

"Mais est-ce qu'on aura suffisamment d'eau, de froid et d'électricité à un prix acceptable pour fabriquer cela ?", s'interroge Alexandre Desmurs. "Les hydrologues sont très alarmistes, car pour eux, il ne s'agit pas seulement de savoir si on pourra fabriquer de la neige de culture, mais si on aura localement de l'eau potable en 2030", relate-t-il à franceinfo, rappelant "la sécheresse importante qui a dégradé les glaciers à une vitesse fulgurante dans les Alpes et les épisodes de restrictions d'eau." 

Le transport des spectateurs

Alpes 2030 n'a jamais révélé son dossier, envoyé au Comité international olympique (CIO). Difficile donc de savoir ce qu'elle prévoit concrètement pour honorer l'engagement de durabilité imposé par l'institution. Un argument revient toutefois en boucle : 95% des équipements existent déjà. Mais le journaliste relève cependant que le CIO prévoit bien des aménagements pour répondre aux normes olympiques, pour la piste de bobsleigh de la Plagne ou le tremplin de saut à ski de Courchevel. "Cela va coûter des millions et du béton sera coulé", affirme-t-il. 

Des éventualités qui amènent ce constat à l'auteur : "Les JO tels qu'ils existent ne peuvent pas être durables." D'autant que la plus grande cause d'émissions de CO2 dans ce genre d'événement sportif international reste "le transport des spectateurs"."Le ferroviaire devrait être central, poursuit-il, or, il est difficile d'accélérer une stratégie inexistante."

"En cinq ans, il est impossible de créer de nouvelles voies ferrées, impossible de se faire livrer dans les temps les rames que l'on commanderait."

Guillaume Desmurs, auteur du livre "Le crépuscule des Jeux"

à franceinfo

Le nouveau patron des JO 2030, Edgar Grospiron, se veut rassurant. "Sur ces sujets [de défense de l'environnement], j'ai une idée, mais je ne peux pas encore en parler. Vous verrez, ça va venir." Guillaume Desmurs, lui, est plus sceptique : les Jeux "qui se présentent comme 'neige et chalet' ramènent au modèle qui fait vivre les domaines depuis 60 ans, modèle qu'il faut absolument réformer parce que les territoires se dépeuplent. Comment est-ce qu'on va innover et inventer des nouvelles façons d'habiter la montagne ?"

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