Spotify augmente ses tarifs : trois questions sur cette décision de la plateforme et sur la nouvelle "taxe streaming"
La plateforme de streaming Spotify annonce l'augmentation du tarif de son offre premium. En cause, selon elle : la "taxe streaming" pour financer le Centre national de la musique (CNM).
Ce sera "le forfait le plus élevé de l'Union européenne". La plateforme de streaming musical Spotify va augmenter certains de ces tarifs en ce début d'année 2024. C'est ce qu'elle a annoncé sur le réseau social X, anciennement Twitter, jeudi 7 mars, expliquant que cette augmentation est une conséquence d'une nouvelle taxe dont elle va devoir s'acquitter : la taxe streaming ou taxe CNM (Centre national de la musique). Franceinfo répond à trois questions sur cette décision de Spotify.
Qu'est-ce qu'annonce Spotify ?
La plateforme de streaming annonce une augmentation du tarif de son offre premium, à 10,99 euros. Seuls les clients français de l'entreprise sont concernés. On ne sait pas encore à combien s'élèvera cette augmentation. Dans son communiqué, Spotify explique qu'elle donnera tous les détails à ses abonnés français "dans les prochaines semaines". La plateforme explique qu'elle a été contrainte de prendre cette décision parce qu'elle va devoir s'acquitter d'une nouvelle taxe, dite "taxe streaming" ou "taxe CNM", et que désormais, tout cumulé, elle devra donc verser "environ deux tiers" de ses bénéfices aux ayants droit (maisons de disques, artistes, etc...) et à l'État français. Spotify se dit inquiet que cette taxe "n'aille pas directement aux artistes" mais à "un intermédiaire supplémentaire - le CNM." La plateforme précise que cette taxe streaming rapportera 15 millions d'euros en 2024 au CNM, tandis que le "budget administratif (frais de bureau, personnel, frais techniques, veille médiatique ou formation professionnelle)" de l'institution s'élève à 20 millions d'euros.
La taxe streaming, qu'est-ce que c'est ?
La taxe streaming a été adoptée par le gouvernement français en décembre 2023 pour une application au 1er janvier dernier. Les plateformes de streaming comme Apple Music, Deezer, YouTube ou encore Spotify doivent désormais reverser 1,2% de leurs bénéfices au Centre national de la musique (CNM). Cet organisme, crée en 2020, a pour objectif de soutenir la création musicale française, sur le modèle du Centre national du cinéma (CNC) crée en 1946. Concrètement, le CNM accompagne d'abord les artistes avec des aides financières et des formations, mais il agit aussi pour les festivals de musique, les salles de concert et les disquaires entre autres. Les plateformes dont le chiffre d’affaires est inférieur à 20 millions d'euros, comme le français Qobuz, sont exemptées de cette taxe. C'est la fin d'un bras de fer de plusieurs mois entre géants du streaming et État français, les plateformes poussant plutôt pour une contribution volontaire de 8 millions d'euros.
Que répond le CNM au communiqué de Spotify ?
Jean-Philippe Thiellay, président du Centre national de la musique, affirme d'abord que la taxe streaming ne servira pas, contrairement à ce que sous-entend Spotify France, à son budget administratif. "Ça, c'est le ministère de la Culture qui s'en occupe", explique-t-il. "Le salaire des 110 personnes qu'emploie le Centre, les loyers de nos locaux, les services informatiques, tout est pris en charge par une subvention du ministère. 100% du produit de la taxe streaming est réinjecté dans l'industrie musicale, pour soutenir des enregistrements de disques, aider des artistes à organiser des showcases, participer à des festivals, se projeter à l'international, etc."
Le président du CNM explique aussi qu'il existe le même type de taxe dans le spectacle vivant depuis près de quatre ans, puisque 3,5% de la billetterie des concerts est reversée au Centre pour soutenir la création musicale, notamment les artistes émergents et le milieu indépendant. "Cette taxe streaming est un mécanisme de redistribution comme ce qui existe déjà dans le live ou dans le cinéma depuis 70 ans", estime-t-il. Jean-Philippe Thiellay rappelle enfin que cette taxe s'élève à 1,2% seulement du chiffre d’affaires des plateformes. "C'est une toute petite partie qui va être réinjectée dans la création musicale pour soutenir notamment l'émergence, qui sont les grands succès de demain. Je fais le pari que dans quelque temps on se dira que c'est un mécanisme qui a permis de défendre la souveraineté culturelle, un peu comme le CNC dans le cinéma, dans un marché mondialisé ultra-concurrentiel. Si on reste les bras croisés, c'est le mainstream qui écrasera tout."
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