Mort du streameur Jean Pormanove : "On avait alerté sur des violences sur des personnes vulnérables", assure la présidente de la LDH

La Ligue des droits de l'Homme s'interroge sur l'absence de réactions de la part de la ministre déléguée en charge du Numérique après les alertes lancées en décembre dernier.

Article rédigé par franceinfo
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Nathalie Tehio est la présidente de la Ligue des droits de l'homme en France. (JOEL SAGET / AFP)
Nathalie Tehio est la présidente de la Ligue des droits de l'homme en France. (JOEL SAGET / AFP)

"Il faut qu'il y ait intervention de la puissance publique pour faire respecter les textes qui existent déjà", réclame sur franceinfo, mercredi 20 août, Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l'Homme et avocate, alors que le streameur Jean Pormanove, est décédé lundi lors d'un live sur la plateforme Kick. Il faisait régulièrement l'objet d'humiliations et de violences sur la plateforme. Le 10 février dernier, la Ligue des droits de l'Homme a saisi l'Arcom sur les pratiques de modération de l'entreprise australienne.

"On avait alerté sur le fait qu'il y avait des violences commises" et notamment sur des "personnes vulnérables", dont "la vulnérabilité était connue par les auteurs, puisque c'était justement en raison de leur handicap qu'elles étaient ciblées". Par ailleurs, elle rappelle que le consentement éventuel de Jean Pormanove, Raphaël Graven de son vrai nom, n'a aucune importance. "En pénal, il n'y a pas de fait justificatif du consentement de la victime", explique l'avocate, qui s'appuie sur l'arrêt du Conseil d'Etat du 27 octobre 1995, dit "du lancer de nains", sur la protection de la dignité de la personne humaine. "C'est-à-dire que même s'il y a eu un contrat de travail, ça ne permet pas de faire ce type d'acte en France", poursuit Nathalie Tehio.

Des saisines traitées dans un délai de 6 à 7 mois

"Nous avons un problème de manque de moyens" pour lutter contre ces violences en ligne, estime Nathalie Tehio. "Dans la plupart des saisines que nous faisons de l'Arcom, il y a un délai de 6 à 7 mois", et lorsque l'association saisit la justice "c'est encore plus long". Il y a donc un vrai "problème de moyens pour traiter les dossiers".

"Nous ne comprenons pas qu'il n'y ait pas eu plus d'interventions vis-à-vis de cette plateforme", s'indigne la présidente de la Ligue des droits de l'Homme. "Je ne sais pas non plus pourquoi la ministre [Clara Chappaz] n'a pas saisi l'Arcom qui aurait, peut-être, mis ce dossier sur le haut de la pile pour intervenir plus rapidement", s'interroge-t-elle. Mediapart a en effet indiqué avoir contacté la ministre avant la publication de son enquête en décembre dernier sur Kick.

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