Réseaux sociaux : "Il ne faut pas uniquement contrôler, ce serait trop limitant", affirme la médecin Laure Geisler au sujet des modes en ligne

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Article rédigé par franceinfo - Edité par l'agence 6Médias
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Laure Geisler, médecin généraliste et créatrice du média "Le cœur net", revient sur le danger de certaines modes qui circulent sur les réseaux sociaux. Et suggère des méthodes pour les limiter.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Vous avez entendu parler de ce nouveau défi que se lancent les jeunes : manger une chips ultra-pimentée ?

Laure Geisler : Je suis assez investie sur les réseaux sociaux. J'y vais de temps en temps pour voir ce qui s'y passe. J'aime bien lutter contre la désinformation ou la mésinformation. Et cette tendance, comme on dit, ce courant, cet effet de mode, est vraiment dangereux. Donc il faut alerter.

Comment peut-on trouver librement en vente un aliment aussi dangereux ?

Je me questionne aussi, j'aimerais bien qu'il y ait des réglementations beaucoup plus strictes. En déjouant, j'imagine, en falsifiant l'âge. Mais ce qui est important, c'est de communiquer autour de ça et montrer la réalité des choses. Il y a quand même eu un mort aux États-Unis. Il y a des conséquences sur le corps, des brûlures, des inflammations qui peuvent être gravissimes. Elle contient un piment, le Carolina Reaper, si je ne dis pas de bêtise, et un second aussi. Mais comme évoqué sur l'échelle de Scoville, c'est vraiment au-delà de ce qu'on connaît.

Mais c'est vraiment dangereux ? Ou alors on n'est pas tous égaux face aux piments et nos réactions sont différentes ?

En réalité, nous sommes vraiment inégaux. Effectivement, il y a des personnes qui pourraient le supporter. Mais quand on ne sait pas, quand on n'en mange pas souvent surtout, ça peut l'être. Donc, dans le doute, il ne faut pas se lancer.

"Notre travail d'adulte est d'augmenter les compétences psychosociales de nos enfants"

Parce que c'est à la mode de manger très épicé. Ça, c'est dangereux de le faire ?

Il y a quand même des normes. Les restaurateurs ne sont pas censés servir ce genre de chips. J'imagine qu'il y a des contrôles, et quand on va dans un lieu où c'est fait pour, où on y va par étapes, c'est plus contrôlé, on peut être plus confiant.

Les parents qui voient ça et qui s'inquiètent, vous leur dites quoi ? "Contrôlez ce que vos ados achètent, ce qu'ils ont dans leur sac ? Demandez-leur s'ils en ont entendu parler ?"

C'est un mélange de tout ça. Il ne faut pas uniquement contrôler parce que ce serait trop limitant. Mais déjà, aborder les choses, dire : "Est-ce que tu en as entendu parler ? Est-ce qu'on t'a déjà proposé ce genre de choses ? Et qu'est-ce que tu en penses, toi ?" En fait, notre travail d'adulte est d'augmenter les compétences psychosociales de nos enfants, c'est-à-dire qu'ils aient tout doucement, avec la maturité aussi, conscience qu'ils ont le droit de refuser quand des copains leur proposent des choses en disant : "T'es pas cool si tu ne tentes pas, t'es une chiffe molle". En réalité, on a aussi le droit de dire non. Je peux être quelqu'un de bien sans tenter des choses. Même si à l'adolescence, c'est normal, on a tendance à vouloir tester, vouloir connaître nos limites, etc.

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