La haute-commissaire à l'Enfance saisit l'Arcom contre le forum Bounty, "remplaçant" du site controversé Coco

Le forum Bounty s'est présenté comme une alternative à Coco.gg, utilisé dans des guets-apens homophobes ou par des pédocriminels avant d'être fermé par la justice.

Article rédigé par franceinfo
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La page d'accueil du forum "pour adultes" Bounty, dans le viseur des autorités pour sa ressemblance avec le site Coco.gg. (BOUNTY / FRANCEINFO)
La page d'accueil du forum "pour adultes" Bounty, dans le viseur des autorités pour sa ressemblance avec le site Coco.gg. (BOUNTY / FRANCEINFO)

La haute-commissaire à l'Enfance, Sarah El Haïry, a annoncé vendredi 29 août sur X avoir saisi l'Arcom et alerté les autorités au sujet du site Bounty, "se présentant comme la suite" de Coco.gg, un forum de discussion sans modération au cœur de plusieurs affaires de guets-apens homophobes ou de pédocriminalité, fermé en juin 2024.

Le site Bounty, créé en août 2024, se présente comme un "tchat de rencontre pour adulte sans inscription". Il comporte principalement des canaux de discussions aux thématiques ouvertement sexuelles, visibles par tous sans avoir besoin de s'inscrire ni de prouver son âge, et permet également des échanges directs entre utilisateurs – que certains utilisent pour faire des propositions sexuelles à des utilisateurs qui se présentent comme mineurs, selon des tests de plusieurs médias dont Le Parisien ou Le Figaro. "Les pédophiles, on les traquera jusqu'au bout, on ne les laissera jamais tranquilles", assure au Parisien Sarah El Haïry.

"Une plaque tournante de l'horreur"

Le site Bounty se présente sur plusieurs de ses pages comme une "alternative" voire le "remplaçant" de Coco.gg, dont l'ex-ministre en charge des Familles rappelle qu'elle "était une véritable plaque tournante de l'horreur". Il avait notamment été utilisé par Dominique Pélicot pour contacter les violeurs de son épouse Gisèle Pélicot. Son fondateur Isaac Steidl a été mis en examen en janvier, pour huit infractions allant de la complicité de trafic de stupéfiants au proxénétisme aggravé.

L'Arcom a demandé des explications à la plateforme par courrier, et a reçu une réponse, qui est en train d'être analysée, a rapporté à l'AFP, samedi, le gendarme du numérique, qui s'est également "rapprochée [de l'association] e-Enfance et est en contact avec l'Ofac [Office anti-cybercriminalité] pour examiner les suites à donner". Bounty "pourrait contribuer à la diffusion de contenus attentatoires aux mineurs, notamment pédocriminels, ainsi que des actes relevant de la sollicitation de mineurs en ligne", soulignait l'Arcom dans son courrier au site, consulté par l'AFP.

"Nous ne sommes pas le nouveau Coco"

"Nous ne sommes pas le nouveau Coco", se défend Bounty sur son compte X. "Nous répondons à absolument toutes les réquisitions judiciaires et nous réalisons des signalements à Pharos systématiquement quand cela s'avère nécessaire", soutient le propriétaire du compte. Il assure que sa présentation du site comme un successeur de Coco "était purement marketing, pour aider le tchat à décoller à ses débuts", et qu'il reprend "le concept, mais sans les dérives". Selon ses conditions d'utilisation, le site prévoit de mettre en place un mécanisme de contrôle de l'âge similaire aux principaux sites pornographiques en France. Jointe par France Culture, Sarah El Haïry constate qu'"il y a des images sexuelles et pornographiques sur ce site" et "qu'à partir de là il faut que l'âge soit contrôlé, un mineur ne doit pas y avoir accès".

La ministre déléguée chargée de l'IA et du Numérique, Clara Chappaz, remercie sur X Sarah El Haïry. Elle explique avoir réuni mardi "les administrations et services de la régulation du numérique pour leur demander d'entamer un travail de fond sur toutes les plateformes problématiques signalées par les signaleurs de confiance". Les appels à durcir la régulation du numérique se sont succédé depuis la mort du streameur français Jean Pormanove, diffusée en direct sur la plateforme Kick.

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