: Reportage "Ça fait deux mois que je cherche et, là, en deux secondes, ça apparaît" : comment l'IA peut aider les chômeurs à retrouver du travail
L'association Konexio propose à un public éloigné de l'emploi des ateliers pour se familiariser aux outils d'Intelligence artificielle et apprendre à s'en servir pour tenter de trouver du travail.
Alors que le Sommet mondial pour l'Action sur l'intelligence artificielle s'ouvre lundi 10 février à Paris, franceinfo s'intéresse à l'impact de l'IA dans notre vie quotidienne, avec notamment cette question : et si l'IA pouvait nous aider à trouver du travail ? C'est en tout cas ce que croit l'association Konexio qui donne gratuitement des cours de numérique à des personnes bien souvent éloignées de l'emploi. Depuis quelque temps, cela va même plus loin puisque l'association initie des demandeurs d'emploi à utiliser des outils d'Intelligence artificielle pour booster leur recherche de job.
À Paris, une dizaine de personnes sont installées dans une salle, tous devant des ordinateurs prêtés par l'association. La plupart ici cherchent un emploi ou un stage. Konexio leur propose un atelier de trois heures pour les aider dans leurs recherches en utilisant des outils d'IA. "Mon objectif c'est qu'ils soient conscients qu'ils ont un outil de plus pour continuer leur recherche d'emploi et qu'ils se sentent à l'aise avec l'idée d'aller vers un outil nouveau", explique Jean-Pierre Fian, formateur chez Konexio.
"C'est magique"
"À votre avis l'IA c'est quoi ?" interroge d'abord le formateur. Les réponses ne fusent pas, il donne alors une brève explication et assène : "des IA, je vous rassure, il y en a tellement que vous pourriez tous m'en citer dix". Siri, Alexa, ChatGPT, Leonardo, Gemini... Finalement, certaines ne sont pas si inconnues. "ChatGPT peut nous aider dans la recherche d'emploi", poursuit le formateur qui passe à la démonstration. "L'exemple qu'on a préparé c'est de demander à ChatGPT 'propose-moi cinq offres d'emploi, dans le milieu de l'informatique, autour de la gare du Nord", explique-t-il.
Les participants passent alors à la pratique. Ils sont invités à faire leur propre recherche sur ChatGPT. Océane, 21 ans, se lance. Elle cherche un emploi dans la sécurité. Ses premiers pas sur ChatGPT ne sont, au début, pas très concluants : "Ça me renvoie sur Indeed", dit-elle, déçue. Mais le formateur l'aiguille, "demande-lui les liens directs". Quelques requêtes plus tard, une dizaine d'offres d'emploi très détaillées apparaissent sur son écran. Océane s'illumine : "Ça fait deux mois que je cherche comme une folle et que je ne trouve rien et là en deux secondes ça apparaît, franchement c'est magique".
"Magique" ? Pas tout à fait, rappelle Maxime Olivier, l'autre formateur du jour. Il explique que pour être efficace, il vaut mieux donner à ChatGPT un maximum d'informations. C'est aussi ce qu'il essaye de faire comprendre aux participants du jour. Utiliser ChatGPT pour une recherche que l'on pourrait faire sur internet n'a pas grand intérêt, c'est même mauvais pour la planète car l'IA est très consommatrice en énergie.
En revanche, explique-t-il, si l'on "nourrit" ChatGPT, les résultats peuvent être bien supérieurs à une recherche classique sur Google. "Par exemple, à un moment où j'étais à la recherche d'une entreprise pour une alternance, je m'étais créé un Google doc dans lequel j'avais décrit toutes mes expériences professionnelles, après je l'ai envoyé à ChatGPT et je lui ai demandé de me trouver des offres d'emploi qui me correspondent. Vu qu'il savait précisément quel emploi j'avais aimé ou pas et pourquoi, il a pu plus facilement faire des recherches que si j'avais fait des recherches moi-même sur internet", raconte-t-il.
L'IA pour faire des CV et des lettres de motivation
Mohamed aussi cherche du travail. "Je voudrais faire technicien dans l'informatique ou la bureautique pour faire des réparations", explique-t-il. Il est arrivé du Bangladesh il y a six ans. Là-bas il était ingénieur, mais en France la barrière de la langue lui pose souci. Il vient d'essayer ChatGPT et s'en réjouit : "Ça marche, j'ai déjà quelques propositions". Plusieurs offres d'emploi s'affichent pour lui aussi. Pour tous les participants, impossible de savoir si ces offres trouvées aboutiront à un recrutement, mais tous saluent a minima des recherches "plus rapides".
Les formateurs proposent aussi d'utiliser des outils d'IA pour réaliser des CV ou des lettres de motivation. "On peut utiliser l'outil Adecco, c'est un constructeur de CV gratuit, sinon il y a ChatGPT qui a une fonctionnalité qui permet de faire une lettre de motivation. Il va ouvrir une petite page avec à droite notre document et à gauche le tchat. Si on lui dit de modifier telle phrase, il peut le faire, rallonger ou raccourcir le texte, il peut le faire aussi. En fait, il y a plein d'outils dans ChatGPT qui sont disponibles et que les gens ne connaissent pas", détaille Maxime Olivier
"Notre public, c'est un public novice avec l'informatique, c'est touchant de voir qu'ils sont quand même curieux de comprendre ce qu'est l'IA. Parce que ça fait partie de notre société aujourd'hui, c'est un peu de la culture générale."
Agathe Roger-Estrade, responsable de l'équipe de formationà franceinfo
Mais n'y a-t-il pas un biais à utiliser des outils d'IA pour trouver un emploi ? Finalement, n'est-ce pas un peu de la triche vis-à-vis des recruteurs ? Jean-Pierre Fian, le formateur, ne voit pas du tout les choses comme cela. "Au contraire. Personnellement je n'ai pas du tout cette vision qui vise à dire que parce qu'il a dû utiliser un outil, il n'a donc pas cette compétence. C'est comme si on disait à quelqu'un qu'il ne peut pas avoir son permis de conduire parce qu'il porte des lunettes. Or, parce qu'il a ces lunettes il peut voir la route et donc conduire comme tout le monde".
Agathe Roger-Estrade , responsable de l'équipe de formation se réjouit en tout cas de "dédramatiser l'IA" et de montrer grâce à cet atelier "à quel point ça peut-être utile dans des situations très pratico-pratiques que peuvent rencontrer des personnes en recherche d'emploi". Et la demande est là. Konexio a déjà formé gratuitement 250 personnes en 2024 à Paris, Bordeaux et Nantes.
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