Intelligence artificielle : "On est en train de se tromper de combat", affirme Jean-Marc Jancovici, du Shift Project

Selon l'ingénieur, défenseur de l'environnement, "on se trompe de priorité" et "on ne s'occupe pas des problèmes qui concernent 90% de la population".

franceinfo

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Publié le 19/05/2025 11:28

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L' ingénieur, enseignant et conférencier Jean-Marc Jancovici, créateur du bilan carbone pour l'Ademe (l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et fondateur du think tank The Shift Project, le 7 janvier 2025 (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Jean-Marc Jancovici, le président du groupe de réflexion Shift Project, engagé contre le réchauffement climatique, tacle l'intelligence artificielle. "On est en train de se tromper de combat en mettant autant d'argent" dans l'IA, déplore-t-il, lundi 19 mai, sur France Inter. Jean-Marc Jancovici dénonce des "gadgets". De nombreux investissements étrangers en lien avec l'IA ont été annoncés en amont du 8e sommet Choose France, qui se tient lundi près de Paris. Plus de 109 milliards d'euros d'investissement privés avaient déjà été promis à l'horizon 2031 en France lors du sommet sur l'IA, qui s'est déroulé en février dernier.

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"Quand je vois 109 milliards d'euros pour l'IA, alors que pour gérer 10% du territoire français, l'Office national des forêts a 1 milliard d'euros par an, alors que la forêt est en train de crever, moi, ce que je me dis, c'est qu'on n'est peut-être pas en train de gérer les priorités dans le bon ordre. Voilà, c'est ça qui me gêne", regrette Jean-Marc Jancovici. "C'est-à-dire que dans un monde aux ressources infinies, qu'on fasse des gadgets en plus des trucs essentiels, j'ai aucun problème avec ça, mais dans un monde aux ressources finies, qu'on fasse des gadgets à la place des trucs essentiels, ça, ça m'ennuie", poursuit l'ingénieur.

Jean-Marc Jancovici déplore que l'IA soit promue par "des élites" "qui n'ont pas de problème et qui sont encore les gagnants de la mondialisation". "Mais pendant ce temps-là, on ne s'occupe pas des problèmes qui concernent 90% de la population", estime-t-il. "Je pense qu'aujourd'hui, on est en train de se tromper de combat en mettant autant d'argent dans ce genre de choses. On est en train de se tromper de priorité, de se précipiter dans un truc tout simplement parce que c'est quelque chose qu'on peut faire, alors que traiter des problèmes beaucoup plus sérieux, on a l'impression qu'on ne peut pas le faire."