Reportage "Personne ne pensait que la guerre reviendrait en Europe" : après le survol de drones au-dessus de plusieurs aéroports, les Danois s'inquiètent

Les autorités s’interrogent sur le rôle de la Russie après le survol de drones au-dessus de plusieurs aéroports, quand certains habitants leur reprochent d’avoir trop longtemps ignoré la menace.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Aalborg est le troisième aéroport du Danemark. (BO AMSTRUP / RITZAU SCANPIX via AFP)
Aalborg est le troisième aéroport du Danemark. (BO AMSTRUP / RITZAU SCANPIX via AFP)

Aalborg est une ville de 125 000 habitants et abrite le troisième aéroport du Danemark. Elle a été survolée dans la nuit de jeudi 25 à vendredi 26 septembre par des drones d’origine inconnue, à l’instar d’autres aéroports du pays. Vendredi soir, des drones non identifiés ont également été observés au-dessus de la plus grande base militaire du Danemark, à Karup, selon la police.

Ces incidents interviennent une semaine après l'annonce par le Danemark de l'acquisition, pour la première fois, d'armes de précision à longue portée pour pouvoir frapper des cibles lointaines, jugeant que la Russie représenterait une menace "pendant des années". La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a confirmé jeudi que le Danemark était victime "d'attaques hybrides" ces derniers jours, faisant référence à une forme de guerre non conventionnelle.

"On s’attendait à ce que la Russie réagisse"

En plein centre-ville d’Aalborg, la rue Jomfru Ane est le lieu de rendez-vous de la jeunesse danoise. Croisé alors qu’il s’apprête à retrouver des amis, Carsten se dit frustré de la naïveté de son pays face à la menace russe. "On s’attendait à ce que la Russie réagisse à la politique de notre gouvernement et à notre soutien massif à l’Ukraine. D’ailleurs, la Russie n’a jamais caché que le Danemark était une cible. Mais le gouvernement n’a rien fait pour renforcer le secteur défensif du Danemark", reproche-t-il.

Rencontré un peu plus loin, Thomas avance deux explications au manque de réaction du gouvernement. Selon lui, le Danemark se pensait protégé par l’OTAN et à l’abri de la menace. "J’ai vécu la chute du Mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique, raconte-t-il. Depuis, personne ne pensait que la guerre reviendrait en Europe et on a réduit le budget défense".

"La Finlande est toujours restée mobilisée face à la menace russe. On devrait s’inspirer de ça, en Europe."

Thomas, un habitant d'Aalborg

à franceinfo

Mais cette allusion aux bunkers, aux stocks de vivre et aux 900 000 réservistes de la Finlande n’est pas forcément la bonne option pour une étudiante, qui voudrait que rien ne change. "On est un pays paisible, où la confiance règne, expose-t-elle. C’est bien, cela rend la vie moins stressante. Si cela ne dégénère pas, je pense qu’il ne faut rien changer”. Sensible aux critiques, la Première ministre danoise a appelé à l’unité et à soutenir les autorités et la police.

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