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Réactions en cascade après les propos de Guéant sur les civilisations

Les propos polémiques de Claude Guéant sur les civilisations, samedi, ont provoqué une avalanche de réactions jusqu'au sommet de l'Etat.

franceinfo avec AFP et Reuters

France Télévisions

Publié le 06/02/2012 20:55 Mis à jour le 06/02/2012 21:55

Temps de lecture : 6min

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant le 30 janvier 2012 à Lille. (AFP / FRANCOIS LO PRESTI) — Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant le 30 janvier 2012 à Lille. (AFP / FRANCOIS LO PRESTI)

"Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas." La phrase de Claude Guéant, samedi 4 février, lors d'une rencontre avec le syndicat étudiant de droite UNI et relayée sur Twitter, a rapidement suscité un tollé dans l'opposition.

Pourtant, dimanche sur France Inter, Claude Guéant a indiqué qu'il "ne regrettait pas ses propos" et précisé qu'il ne visait "aucune culture en particulier". Il avait toutefois évoqué le voile intégral et la prière des musulmans dans la rue. De son côté, le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, a soutenu son ministre lundi, estimant qu'il s'agissait d'une "polémique ridicule".

• Pour Nicolas Sarkozy, une "polémique ridicule"

"Le ministre de l'Intérieur a dit qu'une civilisation, un régime, une société qui n'accordaient pas la même place et les mêmes droits à des hommes et à des femmes, ça n'avait pas la même valeur", a expliqué Nicolas Sarkozy au cours d'une interview diffusée sur France 2 lundi soir. Pour lui, "c'est du bon sens".

La droite accuse l'opposition de nourrir artificiellement la controverse. Plusieurs ténors de l'UMP ont défendu le ministre de l'Intérieur, y voyant, à l'image de Christian Jacob, président des députés UMP, une "polémique gauchiste". "La politique, c'est d'exprimer des convictions, on n'est pas obligé de se battre uniquement sur des chiffres économiques, on peut dire : je préfère ce modèle de société", a déclaré pour sa part le ministre de la Défense, Gérard Longuet, sur Europe 1.

Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a pris légèrement ses distances, estimant que l'utilisation du mot "civilisation" pouvait prêter à confusion.

• Pour François Hollande, "ne pas diviser les Français"

Le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, interrogé lundi à Dijon (Côte-d'Or) sur les déclarations de Claude Guéant, a expliqué qu'il ne voulait "pas diviser les Français".

Sa formation est à la tête de la fronde. "C'est un geste prémédité, volontaire, conscient (...) et qui a été sûrement couvert par l'Elysée. Il serait bon que M. Sarkozy s'en désolidarise (...), mais il ne le fera pas parce qu'il est en campagne", a déclaré sur LCI Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande. Une position également défendue par Michel Sapin, chargé du projet présidentiel du candidat socialiste, qui a évoqué sur Europe 1 "une forme de xénophobie".

• Pour Marine Le Pen, une "polémique artificielle"

"Je ne rentrerai pas dans cette polémique complètement articielle", a déclaré la candidate du Front national dimanche, juste après un meeting à Toulouse (Haute-Garonne). Selon elle, il s'agit d'"une stratégie de Nicolas Sarkozy consistant à se substituer à ma candidature".

• Pour le MoDem, "on montre du doigt"

La numéro 2 du MoDem, Marielle de Sarnez, a également réagi. "C'est comme d'habitude, on montre comme ça du doigt une partie des civilisations du monde, l'islam et une partie de nos concitoyens", a-t-elle déploré.

• Pour le Front de gauche, "un baratin"

Pour le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, il s'agit d'"occuper la case" de Marine Le Pen, au cas où elle ne pourrait se présenter. Il estime que c'est un "baratin pour porter une espèce de détestation des musulmans". "Guéant retarde d'à peu près dix ans, il essaie de donner un fondement culturel [à ses propos], ça s'appelle la théorie du choc des civilisations, c'est la théorie de Samuel Huntington qui a été le penseur pour les Nord-Américains des théories qui leur permettent d'agresser la Terre entière au nom du fait que, eux, déclarent par avance être agressés par les autres", a-t-il déclaré.

• Un air de croisade, pour Eva Joly

La candidate écologiste à l'élection présidentielle Eva Joly a estimé lundi que Nicolas Sarkozy "entam(ait) sa campagne sur un air de croisade", jugeant "indignes" les propos de Claude Guéant. "Ce rappel historique du Moyen-Age ne fait pas seulement de ses auteurs les acteurs d'une France moisie, elle abaisse l'ensemble du débat démocratique", estime la candidate écologiste dans un communiqué. "La confusion avec laquelle monsieur Guéant traite civilisation, religion et culture fait honte à tous ceux qui se battent pour les valeurs démocratiques héritées des Lumières", a-t-elle poursuivi.

• Le CFCM demande des précisions

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) réclame un éclaircissement du ministre de l'Intérieur, également chargé des Cultes. Selon un courrier adressé lundi à Claude Guéant par le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, il faut que le ministre indique qu'il ne vise pas la civilisation musulmane. "Pour éviter toute interprétation erronée, nous vous remercions de bien vouloir nous rassurer en nous précisant le sens de vos propos et qu'il ne s'agissait pas de la civilisation musulmane comme certaines interprétations médiatiques l'ont clairement laissé entendre", écrit Mohammed Moussaoui.

Le CFCM précise que "nombre de nos concitoyens de confession musulmane se sont sentis visés par ces déclarations et nous l'ont fait savoir".