L'Université de Strasbourg fait la lumière sur son passé sous administration nazie
L'Université de Strasbourg a rendu public mardi un rapport de 500 pages qui passe au crible les liens entre sa faculté de médecine dans l'Alsace occupée par les nazis et les "crimes médicaux de guerre" qu'ils avaient commis.
Les caves de l’institut de médecine légale de la Reichsuniversität, nom de l’Université de Strasbourg durant l'annexion de l'Alsace par l’Allemagne, ont bien été le théâtre de crimes médicaux nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est ce que confirme mardi 3 mai la commission historique de la faculté de médecine en charge de ce dossier, rapporte France Bleu Alsace.
Selon le rapport de cette commission, conduite par 12 scientifiques et chercheurs internationaux pendant six ans, il n’existe cependant pas d’autres restes humains liés à des crimes nazis dans les locaux de l’Université, c’est-à-dire collectés sur des victimes juives par le médecin nazi August Hirt sur la période 1941-1944.
Les recherches avaient en effet été initiées par la découverte en 2015 de trois planches anatomiques dans l’établissement, contenant des restes humains d’une victime d’August Hirt. Ce médecin nazi avait fait gazer 86 juifs au camp du Struthof-Natzweiler, afin de se créer une collection de squelettes. Ces cadavres ou ce qu'on a pu reconstituer des corps ont bien été enterrés confirme le docteur Philippe Clavert actuel patron d l'institut d’anatomie : "Les cadavres n'ont pas été conservés, ils ont été comme cela a été souligné tous enterrés. C'est une confirmation donc c'est un soulagement parce qu'on peut parler de cette période sereinement à nos étudiants."
Des euthanasies dans une clinique psychiatrique
Le rapport permet également de donner une identité à de nombreuses victimes d’expérimentations humaines non consenties à la Reichsuniversität. Cent trente ont notamment été contraintes à des expériences en dermatologie. Une centaine de patients de la clinique psychiatrique de l’institution ont également été transférés en Allemagne, où ils ont été euthanasiés. Léa Münch, de l'Institut für Geschichte und Ethik der Medizin de la Charité, a mis à jour cette pratique qui a eu lieu en 1944 à la clinique psychiatrique de Hoerdt a 20 km au nord de Strasbourg. Dans cette clinique, certains médecins "étaient Alsaciens, choisis par l'administration allemande, explique Léa Münch. Mais il y a aussi des directeurs qui ont refusé de collaborer, ils ont été expulsés dans le centre de la France."
Le camp de concentration du Struthof-Natzweiler, quant à lui, a servi à approvisionner trois professeurs nazis de l’Université de Strasbourg en êtres humains. Le docteur Eugen Haagen a par exemple mené des expérimentations sur 196 victimes du typhus.
La création d'un lieu de commémoration
Le rapport a aussi permis de retrouver des familles de victimes de cette barbarie comme Geneviève Glanzmann, petite nièce du seul survivant d’un groupe de malades psychiatriques déportés de Strasbourg pour être assassinés en Allemagne. "On a appris qu'il a été interné dans le camp de concentration de Hadamar avec tout un groupe de malades psychiatriques et qu'il a été le seul survivant de ce camp, explique Geneviève Glanzmann. Il a raconté qu'il transportait des morts pendant des journées entières et il le disait de façon très froide. Il s'est construit une carapace pour pouvoir survivre. Ce qu'il a vécu comme traumatisme ça frôle l'impensable."
À la suite de la présentation de son rapport, la commission historique de la faculté de médecine préconise la création d'un lieu de commémoration central, ouvert au public, dédié notamment aux 86 victimes juives d'August Hirt. Une exposition au Centre européen du résistant déporté est également prévue du 6 mai au 19 mars 2023 au camp du Struthof, sur le thème de la faculté de médecine de la Reichsuniversität de Strasbourg.
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