Provence : immersion dans l'art du Scourtin, au cœur de la dernière fabrique traditionnelle de ce produit qui a su se réinventer

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Article rédigé par France 2 - L. Chavy, J. Weyl, J.-M. Perroux - Édité par l'agence 6Medias
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Le Scourtin sont des créations en fibre de coco, dont on se servait à l'origine pour filtrer l'huile d'olive. On l'utilise aujourd'hui pour fabriquer des objets d'art. Reportage dans la dernière Scourtinerie en activité, à Nyons, en Provence.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.


C'est un tapis traditionnel de Provence. Depuis quelques années, il a fait son entrée dans nos maisons : le Scourtin. À Nyons (Drôme), dans la dernière fabrique encore en activité, Sophie Villeneuve-Fert et sa mère tissent les fibres de coco. Et pour réussir un beau Scourtin, il faut des bobines.

"Donc là, on est dans la réserve de cordes de l'atelier. C'est dans cette pièce que la matière première est entreposée. On est sur un fil qui est teint, mais un fil à deux brins. C'est l'enveloppe de la noix de coco qui est trempée dans l'eau pendant des années, qui est cardée, filée, à deux brins. Et on reçoit ça sous forme de chevaux de bobine pour que ce soit travaillé à l'atelier", explique Sophie Villeneuve-Fert, gérante de La Scourtinerie.

Une fois choisi, le fil est placé sur une machine pour la mise en bobine, puis sur une autre pour être tissé. C'était l'étape la plus créative et surtout la plus simple. Les aiguilles sont ensuite soigneusement retirées et les finitions se font à la main.

Un produit traditionnel et une affaire familiale

À l'origine, les Scourtins étaient utilisés pour filtrer l'huile d'olive, 140 ans plus tard, ils sont devenus des objets de décoration. Sophie Villeneuve-Fert fait partie de la cinquième génération. C'est sa mère qui lui a transmis cette passion du métier. "Je le souhaite à beaucoup de gens de pouvoir avoir des entreprises familiales, parce que ça se passe formidablement bien" assure Sophie. "J'ai laissé à Sophie toutes les responsabilités, tout ce qui est administratif. Je ne sais même plus quel est le chiffre d'affaires de l'année. C'est elle qui s'occupe de tout ça", se réjouit sa mère, Frédérique Fert.

Créé en 1882, l'atelier s'est transmis de génération en génération. Tous les portraits de famille sont encore accrochés au mur, comme celui de Ferdinand Fert, l'arrière-arrière-grand-père de Sophie. C'est lui qui, au XIXe siècle, a déposé le brevet de la machine à tisser Le Scourtin. Tous les descendants ont ensuite apporté leur savoir-faire.

"Ça s'est transmis de génération en génération, donc les arrière-grands-parents. Chacun est imprégné un petit peu de cet atelier, de son contexte et puis de cette matière surtout", explique Arnaud Fert, l'oncle de Sophie.

Au rez-de-chaussée, la famille vend les créations, comme des sets de table à 15 euros ou de grands tapis, à 250 euros. "C'est important qu'on garde notre savoir-faire en France", estime une cliente. Aujourd'hui, La Scourtinerie récrée aussi des ombrières, une idée qui a permis de donner un nouveau souffle à cette petite entreprise familiale.

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