Procès de l’attentat de la basilique de Nice : l’accusé "est capable d’une forme de sincérité", constate son avocat

Brahim Aouissaoui a dit mardi à l'audience qu’il était "légitime" de "tuer ceux qui tuent les musulmans". Si c'était un système de défense, "il n’irait pas sur ce terrain-là de la justification d’actions violentes", estime son défenseur.

Article rédigé par franceinfo - avec "ici Azur"
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Temps de lecture : 4min
Le 29 octobre 2020, un sacristain et deux fidèles sont victimes d'une attaque au couteau dans la basilique de Nice. Brahim Aouissaoui, un Tunisien radicalisé, arrivé en France quelques jours avant les faits, est jugé pour cette affaire à Paris depuis le 10 février 2025. (VALERY HACHE / AFP)
Le 29 octobre 2020, un sacristain et deux fidèles sont victimes d'une attaque au couteau dans la basilique de Nice. Brahim Aouissaoui, un Tunisien radicalisé, arrivé en France quelques jours avant les faits, est jugé pour cette affaire à Paris depuis le 10 février 2025. (VALERY HACHE / AFP)

"Je ne savais pas" qu’il allait autant parler, mais "je l’espérais", relate l'avocat Martin Mechin, mercredi 12 février sur "ici Azur". La veille, son client, Brahim Aouissaoui, a pris la parole après quatre années de silence. Cet homme de 25 ans comparaît depuis lundi pour assassinats et tentatives d’assassinats terroristes, devant la cour d’assises spéciale de Paris, dans le cadre de l’attentat de la basilique de Nice. Cette attaque avait fait trois morts le 29 octobre 2020.

"C’est une satisfaction que M. Aouissaoui ait pu commencer à s’exprimer, s'est réjoui le défenseur. Je peux comprendre qu’après quatre ans d’instruction, quatre ans d’isolement, ce ne soit pas la même chose de comparaître devant un juge d’instruction, quand on est extrait de détention, et de comparaître devant une cour d’assises avec cinq magistrats devant vous, avec les victimes dans la salle, avec les avocats des parties civiles, avec le parquet et l’ambiance d’une cour d’assises. Parfois, cela peut inciter à parler. Et c’est peut-être ce qui s’est passé avec lui", estime l’avocat de l’accusé.

"L’essentiel, c’est qu'il parle"

Pour Martin Mechin, cette prise de parole veut dire qu’il est "capable de comparaître, de répondre aux questions de manière intelligible, de comprendre ce qu’on attendait de lui. L’essentiel, c’est que lors de son procès, il parle". Les avocats de partie civile évoquent un "tournant", mais "non, c’est juste le procès qui commence", tempère l'avocat de l'accusé.

L’accusé de l’attentat de la basilique de Nice a dit mardi à l’audience qu’il condamnait les caricatures de Mahomet, qu’il était "légitime" de "tuer ceux qui tuent les musulmans". "Je ne suis pas dans le cœur ou dans l’âme de Brahim Aouissaoui, réagit Martin Mechin. En revanche, ce que je retire de ces propos, c’est que ce qu’il déclare à l’audience n’est pas un système de défense. Si c’était le cas, évidemment, il n’irait pas sur ce terrain-là, sur celui de la justification d’actions violentes. Évidemment, cela peut choquer, mais à partir du moment où il est capable de dire ça, sur question du président, cela veut dire qu’il est capable d’une forme de sincérité. Et qu’est-ce qu’on peut attendre d’autre d’un accusé dans ce type de procès qu’une forme de sincérité ?"

Brahim Aouissaoui a toujours dit qu’il ne se souvenait pas du jour des faits. "Ce n’est pas qu’il ne reconnaît pas être l’auteur des attentats, précise son avocat. Les experts entendus mardi ont pu dire que l’amnésie avant le jour des faits était impossible, selon eux. En revanche, ils ont dit que le jour des faits, l’amnésie était tout à fait possible pour des raisons liées à l’anesthésie générale qu’il a subie juste après, au choc lié à l’interpellation, etc. Et il l’a redit : 'Si je me souviens, je vous dis. Si je ne me souviens pas, je ne vous dis pas'". Pour Martin Mechin, "l’enjeu de ce procès n’est pas la culpabilité, l’enjeu, c’est ce que [l’accusé] est capable de dire à l’audience, même pas pour se défendre, mais pour qu’on le connaisse".

Brahim Aouissaoui encourt une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Le procès est prévu jusqu’au 26 février.

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