Procès du 13-Novembre : à la barre, l’ancien juge Marc Trévidic retrace les erreurs de la lutte antiterroriste
Durant trois heures, Marc Trévidic a retracé l'histoire récente de la lutte antiterroriste en France et comment la situation est entrée "dans une autre dimension" avec les attentats de Toulouse dès 2012.
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C'est un témoignage tout en franchise auquel ont pu assister, mardi 4 mai, les personnes présentes au procès des attentats du 13-novembre devant la cour d’assises spéciale de Paris : celui de l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic. Très libre, pendant trois heures et demi, à la barre, celui qui a été un des plus grands spécialistes du sujet, aux manettes de 2003 à 2015, a évoqué sans tabou les failles des services français et ses propres regrets.
Son expérience lui permet d'abord de rappeler l'histoire récente de l'antiterrorisme en France. Il retrace cette époque où ces services, renseignements comme judiciaires, étaient de "très haut niveau" et avaient permis de déjouer des attentats à l'étranger, aux États-Unis notamment. Des agents qui surveillaient habilement les filières vers l'Afghanistan ou la Bosnie. C'était alors la fin des années 1990 et les années 2000. "Jusque-là, avec Al-Qaïda, on avait des salafistes formés qu'on suivait avec succès", glisse-t-il.
"On avait quelques individus à gérer, on le faisait avec succès. Plus aucun attentat ne s'était produit depuis 1996. On se sentait invulnérables"
Marc Trévidic
Les attentats de Toulouse, "une autre dimension"
Et puis, arrive la bascule, en 2012, avec les attentats perpétrés par Mohammed Merah à Toulouse. "Un vrai coup au moral pour les policiers et les juges", de son propre aveu, même si beaucoup de commentateurs parlaient alors d'un terroriste "loup solitaire" et "niaient la vulnérabilité croissante de la France", tranche-t-il.
Sa voix est calme, malgré quelques rires nerveux quand il se souvient des années 2013 à 2015. "Les policiers en panique, dans son bureau, noyés sous les dossiers et pas suffisants" pour contenir la vague de départs de Français vers la Syrie et l'organisation État islamique, détaille le magistrat, désormais président de la Cour d'appel de Versailles.
"On savait que ça allait arriver"
Il entend alors dans plusieurs écoutes téléphoniques des radicalisés glorifier Merah, se réjouir de la mort des enfants de Toulouse : "J’ai été effaré. Là, on a compris qu'on avait changé de dimension", confie-t-il. Et de raconter, la gorge serrée, "Ca a été ensuite un exode, des apprentis djihadistes partis avec une haine de la France.... Les signaux étaient au rouge. On savait que ça allait arriver."
Marc Trevidic n’a vu, à l’époque dans son bureau, aucun des hommes aujourd’hui dans le box des attentats du 13 novembre 2015. A l'exception de l'un des kamikazes du Bataclan, Samy Amimour, conducteur de bus pour la RATP est parti rejoindre les rangs de l'État islamique en 2013, arrêté à l'époque pour ses velléités de départ vers la Syrie. Un "dossier entre d’autres, se souvient Marc Trévidic, qu'on pensait pouvoir gérer avec un contrôle judiciaire". "Je sais que c’est sensible pour les parties civiles. Je ne vais pas tourner autour du pot. On ne peut que regretter de ne pas l’avoir mis en prison", conclut-il.
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