Procès des attentats du 13-Novembre : Mohamed Abrini reconnaît qu'il devait faire partie des commandos
Contrairement à ce qu’il a toujours dit, Mohamed Abrini a reconnu devant la cour d'assises spéciale qu'il était bien "prévu" dans les effectifs des commandos des attentats de Paris et Saint-Denis, en 2015.
/2024/03/04/mathilde-lemaire-65e6036a556d0418304599.png)
/2022/03/22/php4ythOh.jpg)
Mohamed Abrini est l’un des principaux accusés au procès des attentats du 13-Novembre – il est aussi connu aussi sous le surnom de "l’homme au chapeau" car c’est ainsi qu’il est apparu sur la vidéosurveillance de l’aéroport de Bruxelles Zaventem, lors des attentats de mars 2016. Il était interrogé mardi 22 mars sur les préparatifs, la logistique des attaques de Paris et Saint-Denis, le 13 novembre 2015. Et il a amorcé de vraies révélations.
>> Procès du 13-Novembre : le journal de bord d'un ex-otage du Bataclan, semaine 21
Mohamed Abrini a été en six ans interrogé une vingtaine de fois par des policiers et juges d’instruction. Et ce qu’il dit aujourd’hui à Paris, dans le box, il ne leur a jamais dit. D’abord, il y a cette toute petite phrase mais qui dit beaucoup : faisant une digression en répondant à son avocate, il lâche : "Moi, en fait, j’étais même prévu pour le 13", comprenez les attentats du 13-Novembre. Puis il ajoute : "J’en parlerai la semaine prochaine". C’est en effet la semaine prochaine que les accusés vont commencer à répondre aux questions de la cour sur le cœur du dossier, non plus sur les préparatifs mais sur le soir du 13 novembre 2015.
Abrini vient en une seconde de confier qu’en fait, contrairement à ce qu’il a toujours dit, il était bien prévu dans les effectifs des commandos des attentats de Paris et Saint-Denis. On savait que le 12 novembre 2015, très tard la veille des attaques, il avait quitté l’Île-de-France où il venait tout juste d’arriver avec tous les autres pour regagner Bruxelles. Et cela constituait un peu une énigme. "Voilà, on avance un peu, on avance beaucoup même", se félicite Maitre Marie Violleau, son avocate.
Reste à savoir pourquoi, comment Abrini a donc fait défection et renoncé à être le onzième homme, le onzième terroriste du 13 novembre. "On attend beaucoup de la semaine prochaine, M. Abrini, ne changez pas d’état d’esprit" commente le président Jean-Louis Periès.
Mohamed Abrini avait déjà surpris la cour un peu plus tôt dans l'après-midi en évoquant de lui-même une rencontre en tête-à-tête, à la fin de l’été 2015, avec Abdelhamid Abaoud. Et ça, n’est pas rien. Abdelhamid Abaoud est le coordinateur des attentats de Paris, leader du commando des terrasses, mort ensuite dans l’assaut de Saint-Denis. Il est aussi ce cadre du groupe Etat islamique qu'on a vu en Syrie traîner des cadavres avec son pick-up sur une vidéo devenue tristement célèbre.
"Si mes réponses ne vous plaisent pas, je n’y peux rien"
"Cette rencontre, se souvient Mohamed Abrini, c’était à Charleroi". En Belgique donc, dans une planque, alors qu’Abaoud était clandestin, recherché par toutes les polices qui le pensaient toujours en Syrie. "Une journée entière passée ensemble, raconte l’accusé. Je suis allé le voir car c’est mon ami d’enfance, celui aussi qui a enterré mon petit frère en Syrie. J’ai su qu’il était là… je me suis dit que c’était pour aller jusqu’au bout, que ça sentait la fin. Obligé, je voulais le voir, c’est normal. Mais n'allez pas pour autant vous faire des films." Et de quoi avez-vous parlé tous les deux ? rebondit l’avocat général, forcément curieux. L’intéressé répond : "Je ne sais plus. De tout. De rien. De la famille, du quartier, d’un tas de choses… Je me souviens qu’il avait encore une plaie à l’épaule et qu’il avait des traces de blessures par balles dans les jambes." Maître Gérard Chemla, avocat de parties civiles, le relance et insiste : "Mais vous avez parlé de la Syrie et de son projet à Paris ? des attentats à venir ?" "Non, jamais il ne me parle de ce qui va se passer à Paris, réplique Abrini. Ce n’était pas le sujet, je vous dis, vous avez la tête dure ! Si mes réponses ne vous plaisent pas, je n’y peux rien."
Alors que le procès va bientôt entrer dans le cœur du dossier, Mohamed Abrini se dévoile, ne nie pas son implication… mais lâche ce qu’il veut lâcher quand cela lui sied, et conserve tout de même une part de mystère.
À regarder
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter