Pour l'avocat de Salah Abdeslam, "on se dirige vers un procès où aucune réponse ne sera apportée aux victimes"
Franck Berton, l'un des deux avocats de Salah Abdeslam, explique mercredi 12 octobre au micro de France Bleu Nord les raisons qui l'ont poussé à renoncer à défendre son client, l'un des suspects dans l'enquête sur les attentats de Paris et de Saint-Denis.
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Ils l'ont fait savoir mercredi 12 octobre. Sven Marie et Franck Berton, les deux avocats de Salah Abdeslam renoncent à défendre leur client, suspect-clé dans l'enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis. L'un d'entre eux, Franck Berton, avocat au barreau de Lille, s'explique au micro d'Anne-Claire Gauchard de France Bleu Nord.
France Bleu Nord : Comment en êtes-vous venu à prendre cette décision ?
Me Franck Berton : Avec mon confrère Sven Mary, nous nous sommes rendus compte que notre client avait décidé de se murer dans le silence. On l'avait déjà constaté lors des deux premiers interrogatoires. La position de Salah Abdeslam devrait être la même lors du prochain interrogatoire du mois de novembre.
Ce n'est pas ce qui avait été convenu avec lui au départ. Quand nous avions rencontré Salah Abdeslam à Anvers, alors qu'il venait d'être arrêté en Belgique, il s'était montré soucieux de répondre à la convocation de la France. Il avait même dit au juge d'instruction qu'il avait hâte de s'expliquer devant la justice française. Cela rendait notre stratégie de défense claire, classique et simple. Mais à partir du moment où notre client reste silencieux, ce qu'il est en droit de faire, nous, ses avocats, n'avons plus notre place. On ne peut pas rester à côté de lui sans rien dire.
Salah Abdeslam avait commencé à s'exprimer après son arrestation en Belgique. Le fait qu'il reste silencieux devant le juge d'instruction français est-il lié à ses conditions drastiques de détention ?
Il faut d'abord souligner que le juge d'instruction a fait preuve de beaucoup de patience avec Salah Abdeslam. Mais ses conditions de détention, la vidéosurveillance... C'est une obsession pour lui. Il s'isole. Il est dans un mutisme complet. Il a confisqué sa parole, car sa parole est la seule chose qui lui reste.
Peut-être a-t-il d'autres raisons plus personnelles de se taire. Peut-être répond-il à une injonction qui aurait pu lui être communiquée quand il était en détention en Belgique. On sait que Mehdi Nemmouche, l'auteur présumé de l'attentat du Musée juif de Bruxelles, lui avait dit de se taire. Mais le silence de Salah Abdeslam constitue également une révolte. C'est sa façon à lui de dire qu'il ne participera ni à l'institution judiciaire ni à son procès. Il a fait le choix de ne pas se défendre. Et s'il fait ce choix, on n'a rien à faire là.
Quel sentiment avez-vous à l'égard de la façon dont le dossier Salah Abdeslam a été géré ?
J'ai le sentiment d'un incroyable gâchis. Quand le député Thierry Solère visite la prison de Fleury-Mérogis en juillet, qu'il se met derrière les caméras de surveillance, qu'il se croit autorisé à faire des conférences de presse sur la façon dont le détenu mange, s'habille, prie... Quand on voit révélé en septembre que Salah Abdeslam fait l'objet d'une procédure disciplinaire, alors qu'il la conteste... Cet homme est l'objet de toutes les attentions, parce qu'il est le seul survivant des attentats de Paris. Il va être le bouc émissaire de tout. Il en a conscience. Donc il a fait le choix de ne plus rien dire.
Il aurait fallu faire plus confiance aux magistrats, qui sont des professionnels de la lutte antiterroriste et qui auraient voulu pouvoir poser des questions et obtenir des réponses. Là, on se dirige vers une instruction muette et vers un procès, où aucune réponse ne sera apportée au victime. Le politique aurait dû rester à sa place. Et on aurait dû laisser faire les juges.
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