Après l'attentat de Nice, l'unité nationale de la classe politique a volé en éclats
Loin de l'unité nationale manifestée après les attaques contre "Charlie Hebdo" et l'Hyper Casher, les critiques et reproches contre l'exécutif n'ont pas tardé après l'attentat de Nice.
"L'esprit du 11 janvier" a fait long feu : dès la matinée du vendredi 15 juillet, l'opposition n'a pas hésité à critiquer le gouvernement, quelques heures à peine après l'attentat de Nice qui a fait au moins 84 morts. Loin de l'unité nationale manifestée après les attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher, les critiques et reproches n'ont pas tardé.
"Si tous les moyens avaient été pris, le drame n'aurait pas eu lieu", a ainsi affirmé l'ancien Premier ministre Alain Juppé. "Bien sûr qu'il faut faire plus, qu'il faut faire mieux. D'abord en ce qui concerne nos services de renseignement", a jugé le candidat à la primaire de droite pour la présidentielle. Jetant aux oubliettes les mesures prises depuis 18 mois (renforcement des effectifs policiers et du renseignement, pouvoirs renforcés d'enquête pour la police, ouverture prochaine de centre de déradicalisation jihadiste...), plusieurs responsables des Républicains ont aussi fustigé l'"impuissance" de l'exécutif et appelé à "passer à l'action".
Hollande refuse de s'"abaisser à je ne sais quelle outrance, excès"
"On a un exécutif qui s'arc-boute sur des certitudes qui n'en sont pas, qui ne veut pas regarder une autre réalité en face", a critiqué le député Les Républicains Georges Fenech, président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015. "La guerre contre le fléau du fondamentalisme islamiste n'a pas commencé, il est urgent maintenant de la déclarer", a lancé Marine Le Pen à un exécutif qui n'a pourtant pas cessé de se dire "en guerre".
Depuis Nice, François Hollande a riposté en prévenant qu'il n'entendait pas s'"abaisser à je ne sais quelle outrance, excès". "C'est mon rôle, c'est ma responsabilité de ne pas me laisser détourner de l'engagement que j'ai pris au nom des Français de les protéger", a-t-il dit après s'être notamment rendu au chevet de plusieurs victimes de l'attentat. Le chef de l'Etat, qui venait d'annoncer la levée à la fin du mois de l'état d'urgence lors de son interview du 14 juillet, a dû finalement décider d'une nouvelle prolongation de trois mois.
"Une campagne présidentielle ne mérite pas qu'on divise le pays"
Si la décision est soutenue par l'ex-président Sarkozy, plusieurs députés de droite ont annoncé qu'ils ne la voteraient pas. Europe Ecologie-Les Verts devrait faire de même, a dit son secrétaire national David Cormand, inquiet pour les "libertés publiques". "Quand on est en guerre on protège le territoire national. Hier [mercredi] on voulait arrêter l'état d'urgence, on se demande pourquoi et quels sont les éléments qui auraient pu expliquer l'arrêt de l'état d'urgence", a questionné l'ancien Premier ministre François Fillon.
Face à cette discorde, le Premier ministre Manuel Valls a tenté de cimenter à nouveau un "esprit du 14 juillet", en appelant à "faire bloc" en sortant du conseil de Défense convoqué en urgence à l'Elysée vendredi matin. "Une campagne présidentielle ne mérite pas qu'on divise le pays", a-t-il insisté dans la soirée sur France 2, critiquant aussi "ceux qui vont rechercher des boucs émissaires".
Une boîte à idées encore bien vide pour lutter contre le terrorisme
Quant au patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, il a appelé à "rester unis", jugeant "indigne de polémiquer en espérant un gain sur le dos des morts et la colère des Français". "Les déclarations de quelques responsables politiques à droite sont scandaleuses. On a des vautours et non des hommes d État", a renchéri le député socialiste Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la commission d'enquête sur les attentats de 2015.
Agir, oui, mais comment ? Beaucoup, comme François Bayrou, reprennent l'idée défendue par la commission d'enquête sur les attentats de créer une structure unique rassemblant ou coordonnant davantage les services de renseignement. La droite devrait aussi remettre en avant l'idée de centres de rétentions pour les "fichés S", mais la proposition présente de forts risques d'illégalité. La boîte à idées apparaît toutefois encore bien vide, en dehors de propositions radicales comme celle du député Henri Guaino, qui suggérait d'équiper les forces de sécurité en lance-roquettes. Ou celle de l'ancien ministre Frédéric Lefebvre poussant au recours à l'état de siège, c'est-à-dire le transfert des pouvoirs civils à l'armée.
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