Reportage "C'est surtout pour nous rassurer" : après le meurtre de Louise, les parents d'élèves d'Epinay-sur-Orge, inquiets, s'organisent

Article rédigé par Eloïse Bartoli
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des parents d'élèves et leurs enfants devant le collège André-Maurois d'Epinay-sur-Orgne (Essonne), lundi 10 février 2025. Louise, retrouvée morte à l'âge de 11 ans, était scolarisée dans l'établissement. (JEAN-BAPTISTE QUENTIN / LE PARISIEN / MAXPPP)
Des parents d'élèves et leurs enfants devant le collège André-Maurois d'Epinay-sur-Orgne (Essonne), lundi 10 février 2025. Louise, retrouvée morte à l'âge de 11 ans, était scolarisée dans l'établissement. (JEAN-BAPTISTE QUENTIN / LE PARISIEN / MAXPPP)

Dans la commune où était scolarisée l'adolescente de 11 ans, retrouvée morte dans la nuit de vendredi à samedi, les parents d'élèves ont décidé de se relayer pour ne pas laisser les collégiens sans surveillance.

Le chaos enthousiaste et bruyant des sorties de classe a laissé place à un ballet organisé se déroulant à bas bruit. Trois jours après le meurtre de Louise, 11 ans, élève de sixième au collège André-Maurois d'Epinay-sur-Orge, l'heure est à la prudence dans cette commune de l'Essonne, lundi 10 février.

Au premier jour de classe depuis la découverte du corps de la fillette dans le bois des Templiers, à proximité du domicile familial, rares sont les enfants et adolescents à s'aventurer seuls dans les rues. Croisé à quelques encablures de son collège où il est scolarisé en classe de troisième, Gabin, 14 ans, le pas rapide et l'air grave, fait figure d'exception."Il faut bien que j'aille à mon stage. Mes parents m'ont dit de faire attention et de rester sur les axes principaux", confie-t-il, tout en baissant le volume de la musique crachée par son smartphone.

"Il y a beaucoup d'entraide"

Eprouvée et inquiète, Cécile a décidé que sa fille, scolarisée dans le même collège que Louise, ne se déplacerait plus seule dans les rues de la commune. Alors, depuis le week-end, la logistique "s'organise avec les autres parents", explique la mère de famille, qui précise exercer un métier qui lui permet de se rendre souvent disponible. Pour le début de semaine, sa fille s'est ainsi rendue à l'école grâce à un parent d'élève "qui avait trois autres enfants dans la voiture."

"Ma fille est sortie du collège à la même heure [14 heures] que Louise vendredi, on se dit que ça aurait pu être elle."

Cécile, mère de famille

à franceinfo

Pas le temps d'encaisser le choc : il faut se projeter dans l'organisation des prochains jours. Mercredi midi, une amie viendra récupérer sa fille. "Heureusement, il y a beaucoup d'entraide, dans l'adversité, on se rapproche et on est solidaire", salue la mère de famille, qui concède que ces précautions sont prises "surtout pour nous rassurer, nous savons qu'il y a beaucoup moins de risque au vu du dispositif policier."

Des policiers à moto, à cheval ou en voiture...

Lundi midi, cinq policiers assuraient la garde devant les grilles de l'établissement dans lequel Louise avait fait sa rentrée en septembre. A moto, à cheval ou encore véhiculées, les forces de l'ordre étaient en nombre dans la ville trois jours après le drame, alors que le ou les meurtriers de la fillette ne sont pas encore identifiés.

Dès dimanche, Epinay-sur-Orge et la ville jumelle de Longjumeau avaient annoncé déployer un dispositif policier "afin d'assurer la sécurité des enfants et des collégiens" sur leur trajet. "Merci aux parents d'élèves qui se mobilisent en organisant des pédibus ou en veillant à accompagner les enfants", avaient ajouté les deux communes voisines dans leur communiqué.

"C'est bien, ça rassure !", salue Céline, 39 ans, qui n'entend pas pour autant laisser sa fille Lizéa, en classe de quatrième, parcourir seule à 17 heures les cinq minutes de marche qui séparent le collège du domicile de son père. Divorcée, Céline vit quant à elle dans l'immeuble voisin au collège. Une situation géographique qui lui épargne des inquiétudes liées au trajet.

Lizéa, 13 ans, et Louise, 11 ans, étaient "copines" malgré la différence d'âge, unies par un même intérêt pour le dessin animé Lilo et Stitch. "Louise venait souvent lui faire un câlin dans la cour. Depuis ce week-end, elle pleure, elle tremble. Elle ne voulait même pas venir au collège ce matin", s'inquiète Céline, qui a orienté sa fille vers la cellule psychologique déployée dans l'établissement scolaire. Entre ses mains qui s'agitent nerveusement, elle tient la pâte à tartiner favorite de son adolescente, "pour essayer comme [elle peut] de la réconforter."

"Ma fille sortait parfois avec ses copines. Maintenant, la question ne va même plus se poser."

Céline, 39 ans, mère de famille

à franceinfo

Emine, elle aussi, est venue récupérer sa fille lors de la pause-déjeuner. Mais, dans son cas, la demande vient de sa progéniture, très secouée par le drame. Scolarisée en CM1 et âgée de 10 ans, cette dernière se montre particulièrement inquiète depuis l'annonce du meurtre de Louise. "D'habitude elle me dit : 'Maman, je veux rentrer seule', et je l'attends au bout de la rue. Mais, pour la première fois, elle m'a demandé de venir la chercher", témoigne cette mère de famille en gardant un œil sur son benjamin qui court à toute allure sur le trottoir.

Tous les parents interrogés par franceinfo s'interrogent sur la pérennité des mesures de sécurité prises autour de l'établissement. Certains expliquent vouloir les maintenir "jusqu'à ce que l'on trouve le coupable", d'autres "au moins pour les prochains jours". Rencontré brièvement à proximité du collège, un père de famille venu déposer son beau-fils, camarade de classe et ami de Louise, prévoit de poursuivre les allers-retours "jusqu'à la fin de l'année, au moins".

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