Visages de policiers floutés : "Ça n'a aucun fondement, ni factuel, ni juridique", affirme l'avocat Arié Alimi
Me Alimi qualifie la proposition de "serpent de mer" qui revient. L'idée avait déjà été lancée par des sénateurs Les républicains, puis par LREM, affirme l'avocat qui y voit une négation du droit à l'information.
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Alors que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin veut interdire la diffusion à la télévision ou sur les réseaux sociaux d'images de policiers si leurs visages ne sont pas floutés, l'avocat au barreau de Paris et membre de la Ligue des Droits de l'Homme Arié Alimi estime que cela "n'a aucun fondement, ni factuel, ni juridique" car il n'y a pas, selon lui, "d'exemple de cas où des policiers auraient été persécutés parce qu'ils seraient passés à la télé ou sur les réseaux sociaux".
franceinfo : Que pensez-vous de ce souhait du ministre de l'Intérieur d'interdire la diffusion d'images non-floutées de visages de policiers ?
Arié Alimi : J'ai un peu de mal à voir ce serpent de mer revenir. Ce n'est pas la première fois, c'était une idée déjà reprise par des sénateurs Les Républicains, puis par La République en Marche. Ça n'a aucun fondement, ni factuel, ni juridique. Je n'ai pas à ma connaissance - il faudrait peut être que le ministre de l'Intérieur ou madame Schiappa nous donnent des faits - d'exemple de cas où des policiers auraient été persécutés parce qu'ils seraient passés à la télé ou sur les réseaux sociaux. Ça n'existe pas à ma connaissance. Ce sera probablement retoqué, soit par le Conseil constitutionnel, soit par la Cour européenne des droits de l'homme. Il faut bien comprendre que ce sont des images qui permettent des appels à témoignages dans le cadre de violences policières, ce sont des images qui permettent, notamment dans les dossiers de Geneviève Legay et Cédric Chouviat, la résolution judiciaire d'affaires, qui permettent de mettre en exergue un service public. Il ne faut pas oublier que la police est un service public et comme son nom l'indique, il doit être public parce que s'il ne l'est plus, c'est un service privé, autrement dit une milice.
Mais les images des policiers ne seraient pas floutées lors des procédures judiciaires, donc qu'est-ce que cela change pour vous ?
Je vous rappelle qu'après la mort de Cédric Chouviat lors d'une interpellation, nous avons dû faire un appel à témoignages sur les réseaux sociaux parce que la préfecture avait menti au public en disant qu'il s'agissait d'un simple malaise cardiaque.
Me Arié Alimi, membre de la Ligue des Droits de l'Hommeà franceinfo
Si cet appel à témoignages sur les réseaux sociaux - que j'ai moi-même fait sur Twitter - n'avait pu être fait, si franceinfo n'avait pas relayé cet appel à témoignages, alors les témoins qui ont assisté à la scène, qui ont reconnu les policiers et leurs visages, ne seraient pas venus donner des éléments et des vidéos qui ont permis de démentir les fausses informations de la préfecture. C'est aussi un droit à l'information et ce type de réforme priverait les journalistes de leur possibilité d'informer de manière générale. Imaginez que vous ne puissiez plus filmer sans flouter et donc faire un traitement d'images des bâtiments publics, des manifestations, des défilés, n'importe quelle image d'ailleurs compte tenu de la densité de policiers au mètre carré aujourd'hui à Paris ! Ce serait la fin du journalisme vidéo.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin doit annoncer un meilleur encadrement de l'usage des lanceurs de balle de défense (LBD). Est-ce une bonne nouvelle pour vous ?
Non. L'usage des LBD est déjà encadré. Il y a déjà des formations, il y a déjà des circulaires, il y a déjà des règles d'utilisation du LBD, par exemple le fait de ne pas pouvoir tirer sur la tête, le fait de ne pouvoir viser qu'une certaine partie du corps et à distance. La problématique du LBD en maintien de l'ordre, c'est qu'il n'est pas adapté au maintien de l'ordre parce que nous avons des populations mouvantes, nous avons des foules qui sont en mouvement important. Donc ce LBD crée, et nous l'avons vu notamment dans le mouvement des "gilets jaunes" mais dans tous les mouvements sociaux aujourd'hui, des éborgnements. On a pratiquement 26 cas de personnes qui ont perdu un œil, leur travail, leur vie de famille quelquefois, uniquement parce que des policiers utilisent le LBD de manière inconsidérée dans le maintien de l'ordre. Tout le monde est d'accord pour dire que cette arme ne doit pas et ne devrait pas être utilisée en maintien de l'ordre.
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