Ce que l'on sait des accusations de passage à tabac d'Aly, 17 ans, par des policiers à Garges-lès-Gonesse

Les quatre policiers ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer, a appris franceinfo auprès du parquet de Pontoise vendredi.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 6min
Un adolescent de 17 ans affirme avoir été passé à tabac par quatre policiers, à Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), le soir du 14 juillet 2025. (JEAN-MARC BARRERE / AFP)
Un adolescent de 17 ans affirme avoir été passé à tabac par quatre policiers, à Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), le soir du 14 juillet 2025. (JEAN-MARC BARRERE / AFP)

L'affaire est-elle à l'origine d'un épisode de violences urbaines ? Un adolescent de 17 ans, prénommé Aly, affirme avoir été passé à tabac par des policiers à Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), le soir du 14-Juillet. Des affrontements entre forces de l'ordre et plusieurs individus ont eu lieu dans la nuit du mardi 15 au mercredi 16 juillet à différents endroits de la ville, sans certitude à ce stade sur un lien entre les deux événements. Plusieurs élus de La France insoumise ont dénoncé des violences policières à caractère raciste. Les policiers ont été mis en examen vendredi 18 juillet, a annoncé le parquet.

Un lycéen roué de coups dans la rue

Ce lycéen en classe de première, scolarisé au lycée Romain-Rolland de Goussainville, selon le député insoumis Carlos Martens Bilongo, affirme avoir été frappé sans raison par des membres des forces de l'ordre lors du 14-Juillet. Une vidéo, relayée sur les réseaux sociaux, a notamment été partagée par la militante antiraciste Assa Traoré, sœur d'Adama Traoré, mort en 2016 lors de son interpellation à Beaumont-sur-Oise par trois gendarmes. On y voit Aly, assis sur un banc, l'arcade sourcilière et la lèvre en sang, entouré de plusieurs personnes et de pompiers.

Sur cette vidéo, on entend une femme dire : "Il s'est fait casser la gueule gratuitement par la police." Et de lancer à l'intention des secours : "On l'a laissé sur la voie publique et ils sont partis. S'ils avaient quelque chose à lui reprocher, ils le prennent avec eux, ils le mettent en garde à vue." 

Selon le récit d'Assa Traoré sur Instagram, Aly était "sorti vers 22h30 pour une commission. (...)  En marchant, téléphone en main, il croise un véhicule de la police nationale. En le voyant, ils font marche arrière et prononcent les mots suivants : 'Lui, on va le niquer'." "Ils le font monter de force dans leur véhicule, hors champ des caméras. Et là, le cauchemar commence : coups, humiliations, traumatismes à tout va", écrit encore Assa Traoré.

"Ceux qui connaissent Aly savent qu'avec son petit gabarit, il n'a évidemment pas pu se défendre. Mais ce qui me choque le plus, c'est qu’il a été abandonné en pleine forêt, de nuit."

Assa Traoré, militante antiraciste

sur Instagram

Le député insoumis Carlos Martens Bilongo, élu de la 8e circonscription du Val-d'Oise, qui affirme s'être entretenu mercredi avec la victime et sa mère, a confirmé en partie cette version des faits auprès de l'AFP. Selon lui, le lycéen était bien en train de faire une commission dans un magasin lorsque des policiers l'ont accusé de les filmer. "Ils lui ont dit : 'On va te niquer'. Du coup il a pris peur et est parti en courant. (...) Il a subi une agression gratuite, il s'est fait tabasser par quatre policiers", a déclaré Carlos Martens Bilongo. Sur Instagram, l'élu de La France insoumise affirme qu'Aly est "un jeune sérieux, sans aucun problème"

Contactée par franceinfo, l'avocate des policiers, Inès Davau, assure que "les policiers nient les faits". Elle rappelle la présomption d'innocence qui doit s'appliquer à ses clients et dénonce "le lynchage sur les réseaux sociaux contre les policiers, entretenus par les déclarations d'un élu de la république". 

Les policiers sont mis en examen

Selon Carlos Martens Bilongo, la famille a porté plainte à la gendarmerie de Domont et lui-même a fait un signalement au procureur de la République de Pontoise. Ce dernier a annoncé avoir ouvert une enquête. "Connaissance prise des faits, une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Pontoise dès hier, mardi 15 juillet, pour des faits qualifiés de violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique au regard des éléments évoqués par un jeune homme de 17 ans découvert blessé sur la voie publique", a expliqué le procureur Guirec Le Bras.

Les quatre policiers ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer, a appris franceinfo auprès du parquet de Pontoise vendredi 18 juillet. Dans le détail, ils sont mis en examen pour "violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique", avec "ITT de moins de 8 jours", selon une source proche de l'enquête.

Sur X, plusieurs messages ont été postés avec le hashtag #JusticePourAly, dont l'eurodéputée insoumise Manon Aubry. "Ce n'est pas un fait divers. C'est un crime raciste. Le symptôme d'un racisme systémique qui se banalise jour après jour", a-t-elle écrit sur le réseau social.

Une nuit de violences urbaines

La ville a connu un épisode de violences urbaines dans la nuit de mardi à mercredi, sans qu'un lien entre les deux événements soit confirmé dans l'immédiat. Des affrontements entre forces de l'ordre et plusieurs individus ont eu lieu à différents endroits de la commune du Val-d'Oise, a appris mercredi franceinfo de sources policières.

Vers 1h30, des policiers ont d'abord été pris à partie par une trentaine d'individus qui avaient érigé une barricade sur une place, avant de leur tirer dessus avec des mortiers d'artifice. Les policiers ont répliqué par des tirs de LBD. Trois personnes ont été interpellées.

Deux heures plus tard, d'autres individus ont bloqué l'arrivée d'un bus aux abords de la gare de la ville. Ils ont ensuite fait descendre le chauffeur de force, avant d'incendier le véhicule. L'un des auteurs de l'incendie a été interpellé.

Les gendarmes, joints par franceinfo, ont signalé également des tensions à une quinzaine de minutes de route de Garges-les-Gonesse, dans la commune de Louvres, où de nombreuses poubelles ont été incendiées dans la nuit.

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