Beauvau de la sécurité : l'Union syndicale des magistrats regrette qu'il n'y ait "pas réellement de représentants des magistrats"
"Pour parler justice avec la police, on ne peut pas se contenter du garde des Sceaux qui ne représente pas les magistrats", estime sur franceinfo Céline Parisot, présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM).
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Céline Parisot, présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM), a déploré jeudi 27 mai sur franceinfo "qu'il n'y ait pas réellement de représentants des magistrats" au Beauvau de la sécurité consacré aux relations police-justice. Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, est présent après avoir été copieusement sifflé lors de la manifestation des policiers la semaine dernière. "Il n'a pas franchement la confiance des magistrats, donc c'est un peu dommage qu'il n'y ait pas d'autres paroles qui soient portées que celle du garde des Sceaux", a-t-elle estimé.
franceinfo : Etait-il nécessaire que le garde des Sceaux ait un échange avec les syndicats de policiers ?
Céline Parisot : La table ronde était prévue depuis longtemps. On déplore surtout qu'il n'y ait pas réellement de représentants des magistrats puisque pour parler justice avec la police, on ne peut pas se contenter du garde des Sceaux qui ne représente pas les magistrats. Si vraiment on veut instaurer un dialogue police-justice, il y a moyen de faire autrement. L'USM avait réclamé pendant l'intégralité du quinquennat de François Hollande l'organisation d'une table ronde police-justice. Elle est faite maintenant sous un prisme qui est plus celui de la police que celui de la justice. Il n'y a que le garde des Sceaux pour répondre et un procureur. Le garde des Sceaux n'a pas franchement la confiance des magistrats, donc c'est un peu dommage qu'il n'y ait pas d'autres paroles qui soient portées que celle du garde des Sceaux.
La justice est-elle laxiste ?
Ce malaise des policiers face à une justice prétendument laxiste ne résiste pas du tout à l'analyse et aux chiffres. Les chiffres, dont je dispose, démontrent une augmentation depuis au moins cinq ans de la durée moyenne des peines du nombre de peines fermes qui sont prononcées chaque année.
"On donne aujourd'hui une très grande résonance médiatique à la délinquance et notamment à ces multidélinquants que les policiers retrouvent sans cesse dans les quartiers."
Céline Parisot, présidente de l'USMà franceinfo
Effectivement, il peut y avoir une difficulté dans la perception que les policiers en ont puisqu'ils les voient revenir régulièrement dans les quartiers. Le problème, c'est que le magistrat applique la loi et rien d'autre que la loi. Il applique la loi en fonction de la procédure qui lui est soumise. On a une personne qui arrive devant un tribunal avec une enquête qui a été plus ou moins bien menée. Et on condamne ou on ne condamne pas, parce que la personne à la base est présumée innocente, en fonction de cette procédure et en fonction de ce que nous dit la loi. Et que dit la loi ? Elle dit que la peine de prison, c'est l'ultime recours. Quand on ne peut strictement rien faire d'autre. La loi prévoit tout un tas d'alternatives à l'emprisonnement. Évidemment, les juges qui ont pour mission d'appliquer la loi prononcent d'abord d'autres peines que des peines d'emprisonnement.
Que pensez-vous des peines automatiques et des peines planchers ?
Les peines automatiques sont totalement impossibles tant que nous ne serons pas dans un système de dictature, ce que je ne souhaite évidemment pas. Une peine automatique est inconciliable avec le respect de la présomption d'innocence et la personnalisation de la peine, qui est un principe extrêmement important. On ne met pas la même peine à tout le monde sous prétexte qu'ils ont commis des faits qui ont l'air d'être identiques. Chacun est différent et chacun a sa propre participation dans un événement. On ne peut pas non plus mettre une peine automatique comme ce serait souhaité aux personnes qui sont présentes lors de l'agression d'un policier. On peut passer par hasard par là, malheureusement, être au mauvais endroit au mauvais moment. Il n’est évidemment pas question que des personnes qui n'ont rien fait se voient appliquer des peines. Quant aux peines planchers, cela a été testé et j'en suis bien désolé pour les policiers, on a vu que cela n'avait absolument pas fonctionné. Les États-Unis en sont un très bon exemple. La sévérité des peines n'a jamais abouti à faire diminuer la délinquance. Les États-Unis ont des peines extrêmement sévères qui peuvent se cumuler sur des centaines d'années de prison et ils ont même la peine de mort. Pour autant, c'est un pays où il y a plus de délinquance qu'ici. Donc ce sont quand même des discours qui sont à relativiser.
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