Noyades : des familles témoignent

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Article rédigé par France 2 - M. Larguet, E. Quéno, M. Diawara, A. François-Poncet, B. De Saint-Jore - Édité par l'agence 6médias
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193 décès par noyade ont été enregistrés en juin et juillet 2025, soit 45 % de plus que l’année précédente Un tiers des accidents concerne des enfants de moins de 6 ans, majoritairement en piscine privée. Des familles endeuillées témoignent.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.

Une mère et ses deux filles ont tenu à être ensemble pour témoigner de leur traumatisme : la perte d’une sœur et d’une enfant. Kalista est décédée il y a 22 ans. Elle avait 19 mois. Le jour du drame, la famille se rend chez le frère de Véronique Benguigui. Il vient de faire construire une piscine. Au moment de l’apéritif, Véronique va récupérer sa deuxième fille à la sieste et revient. "Je m’assois et je regarde. Je me dis qu’il n’y a pas Kalista. Je me lève et je me tourne vers la piscine. Et là, je la vois", se rappelle-t-elle. Les secours n’y peuvent rien.

C’est le début d’une culpabilité qui ne quittera plus les parents. "Ma belle-sœur m’avait dit de prendre une chaise longue pour boucher l’entrée et avec mon ex-mari on a dit 'non'. On a tellement été sûrs de nous. Et tout ça s’est fait dans le silence. Tout le monde était là autour de cette table et personne ne l’a vue", se souvient Véronique.

Depuis 2004, soit un an après le décès de Kalista, les piscines privées doivent être équipées d’une alarme ou d’une barrière. Une loi pas toujours appliquée. "On me dit que ce n’est pas esthétique ou que ça vaut cher, mais quel est le prix de la vie d’un enfant ?", s’offusque la mère de Kalista.

Des noyades en mer

Les moins de 6 ans représentent un tiers des noyades, majoritairement en piscine privée. Mais 50 % des noyades se produisent en mer. Cela fait 40 ans que Didier Jourde, 71 ans, passe ses étés sur une plage, où il a ses habitudes. Là encore, le drame est arrivé sans prévenir. "L’année dernière, une journée comme tous les jours, et le malaise s’est produit presque arrivé à la bouée", rapporte-t-il. Didier nage avec sa petite-fille de 15 ans. Ils sont en dehors de la zone de baignade surveillée. La mer est agitée. "Il était soufflé. Il avait du mal à respirer. Il était un peu dans un autre monde. Il ne savait pas où il était. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait", se rappelle Fanny Boyer, petite-fille de Didier.

Les secours interviennent. Après 28 minutes de massage cardiaque, il passe une semaine entre la vie et la mort. Il ressort après trois semaines d’hospitalisation. La famille reste traumatisée. "J’ai peur. Je ne veux plus qu’il aille à la bouée. Je vais me baigner, mais j’ai du mal à venir sur la plage maintenant", partage Viviane Jourde, épouse de Didier.

Le vacancier est resté en contact avec ses sauveteurs qui lui ont offert un drapeau. Ils tiennent à alerter sur les bons gestes. "Il faut vraiment se baigner dans les zones de baignade et ne pas surestimer ses capacités physiques, c’est important. C’est bien d’aller toucher la bouée des 300 mètres. Il ne faut pas oublier qu’il faut revenir. Il faut bien s’hydrater, il faut prendre le temps de s’échauffer parce qu’un accident, ça arrive à tout le monde", assure Mathéo Nicolas, sauveteur SNSM.

L’an passé, entre le 1er juin et le 30 septembre, plus de 1 200 noyades ont eu lieu en France, dont 350 mortelles.

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