Disparues de l'Yonne : "Il y a une soif extrêmement légitime de la part des familles de savoir", explique le procureur d'Auxerre avant de nouvelles fouilles

De nouvelles fouilles commencent, lundi 26 mai, dans la forêt de Rouvray, dans l'Yonne, pour tenter de trouver la trace d'autres victimes du tueur en série Emile Louis. "Les moyens engagés sont très lourds", souligne le procureur.

Article rédigé par franceinfo
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Le procureur de la République d'Auxerre, Hugues de Phily, lors d'une battue pour une disparition inquiétante à Appoigny, le 9 janvier 2025. (MARION BOISJOT / MAXPPP)
Le procureur de la République d'Auxerre, Hugues de Phily, lors d'une battue pour une disparition inquiétante à Appoigny, le 9 janvier 2025. (MARION BOISJOT / MAXPPP)

"Il y a une soif extrêmement légitime de la part des familles de savoir", explique le procureur de la République d'Auxerre Hugues de Phily, sur ICI Auxerre (ex-France Bleu), alors que démarrent lundi 26 mai de nouvelles fouilles à Rouvray, près d'Auxerre, dans l'Yonne, pour tenter de trouver la trace de possibles victimes d'Emile Louis.

Un morceau de crâne appartenant à Marie-Jeanne Ambroisine-Coussin, disparue au milieu des années 1970 et potentielle huitième victime d'Emile Louis avait été retrouvé par un promeneur. Ces fouilles doivent aussi tenter de comprendre les circonstances de sa mort. Il y a presque six mois, des recherches ont été infructueuses pour retrouver d’éventuelles autres victimes du tueur en série, du "boucher de l'Yonne", décédé en 2013.

Plus de 400 militaires mobilisés

"J'ai décidé, à la suite des fouilles de septembre-octobre dernier, de diligenter une nouvelle campagne, explique le procureur, même si les moyens engagés sont très lourds", précise le procureur. En tout, 448 militaires sont mobilisés pour cette campagne de fouilles, puisque "je vais avoir un certain nombre de militaires qui vont me donner un cocon protecteur autour de ce site pour faire en sorte que nous puissions travailler dans la confidentialité", complète le colonel Nicolas Nanni sur ICI Auxerre, commandant du groupement de gendarmerie départementale de l'Yonne.

A part les militaires, les autres personnels vont être dédiés à la "criminalistique" de l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale), dont des "anthropologues judiciaires". Des "techniciens en identification criminelle subaquatique" seront également sur place ainsi qu’une "section opérationnelle de fouille spécialisée d'un régiment du génie", détaille le colonel. Ces technologies sont habituellement plutôt employées pour le régiment du génie sur des terrains de guerre. "Cela permet d'offrir une cartographie précise et exhaustive de la zone qui va être extrêmement riche pour l'ensemble de mes experts en criminalistique", précise Nicolas Nanni.

"Pratiquement 100 000 euros de frais de justice"

Pour le procureur, la piste Emile Louis est sérieuse mais pas certaine. "Il y a une disparition inquiétante, brusque, dans une zone où normalement on ne va pas se promener sans raison, décrit-il. Ce sont des choses qui interrogent, de même que le secteur géographique." Cela dit, "en tant que magistrat, d'un point de vue judiciaire, je ne peux pas étayer avec certitude la piste Emile Louis. Je peux juste avoir des suppositions", reconnaît-il.

Les fouilles qui vont démarrer sont intégralement financées par la Cour d'appel de Paris, dont le tribunal judiciaire d'Auxerre dépend, et "cela coûte cher, très très cher", calcule le procureur, "on est pratiquement à 100 000 euros de frais de justice". Mais "c'est très légitime et je ne regrette pas un seul instant. J'ai été soutenu par la procureure générale de Paris, poursuit-il. Il y a une soif extrêmement légitime de la part des familles de savoir, de connaître les circonstances de cette disparition, mais oui tout cela a un coût conséquent".

Des "bouts de vêtements des années 1970" ont été retrouvés lors de la première période de fouilles, "mais on n’a pas pu établir avec certitude qu'il y avait un lien avec Mme Coussin", termine le procureur.

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