: Vidéo Procès du crash Rio-Paris : les arguments du parquet sont "faux et malhonnêtes", déplore un avocat des familles des victimes
Les deux procureurs ont requis la relaxe ce mercredi contre Air France et Airbus, estimant que les deux entreprises n'ont commis aucun manquement ni négligence dans l'accident qui a coûté la vie à 228 personnes en 2009.
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"C’est totalement incompréhensible. On ne peut pas l'accepter", a réagi jeudi 8 décembre sur franceinfo maître Sébastien Busy, un des avocats de l’association Entraide et Solidarité AF447, représentant les familles des victimes du crash de l’Airbus Rio-Paris qui a causé la mort de 228 personnes le 1er juin 2009. Dans leur réquisitoire, les deux procureurs du tribunal correctionnel de Paris ont estimé ce mercredi ne "pas être en mesure de requérir la condamnation" d'Airbus et Air France, jugées pour homicides involontaires. Après huit semaines d'audience, le parquet a donc requis la relaxe pour les deux entreprises.
franceinfo : Quel est le sentiment qui prédomine après ce réquisitoire ?
Sébastien Busy : Mon sentiment est celui de l'incompréhension. On a des réquisitions qui ont duré près de 5 heures, qui se concluent par des réquisitions de relaxe et qui sont complètement à contre-courant des huit semaines et demi de débats que nous avons eues devant le tribunal pour le procès d'Air France et d'Airbus. C'est totalement incompréhensible. Des réquisitions qui ne font que référence aux déclarations des représentants d'Air France et d'Airbus devant la barre du tribunal, qui n'ont entendu aucun des arguments des parties civiles, qui n'ont retenu que les éléments à décharge dans ce dossier et qui ont complètement mis de côté les éléments à charge et qui ont présenté dans leur démonstration des arguments que je considère comme à la fois faux et malhonnêtes, avec une analyse du dossier qui est à contre-courant de ce qui a été dit pendant ces huit semaines de débats.
Le parquet est le "porte-voix d'Air France et d'Airbus", a dénoncé votre confrère Alain Jakubowicz, avocat de parties civiles. Vous êtes d’accord ?
Je n'ai pas eu la sensation d'entendre un réquisitoire. J’avais l'impression de commencer à entendre les plaidoiries de la défense. On a en permanence dans ces démonstrations, rappelé les déclarations des représentants d'Air France ou d'Airbus et à aucun moment les éléments du dossier n'ont été présentés par le parquet. On s'est contenté de prendre les éléments de preuves apportés par Air France et par Airbus pour dire : "Voilà, ça c'est sur la table, ça a été discuté, ça a été débattu et c'est la vérité". On ne peut pas l'accepter.
Les deux magistrats estiment qu’Airbus n'est pas pénalement fautif de la conception des avions. Vous comprenez cette position ?
Absolument pas. J'ai l'impression finalement, treize ans plus tard, qu'il n'y a pas eu d'accident. Le 1ᵉʳ juin 2009, il ne s'est rien passé. 228 personnes sont mortes, mais on ne sait pas pourquoi.
Quand j'entends le ministère public me dire que le givrage des sondes Pitot est totalement indifférent à la réalisation de l'accident, je crois qu'on n'a pas lu le même dossier et qu'on n'a pas assisté au même procès.
Maître Sébastien Busy, avocat de familles de victimes du crash du Rio-Parisà franceinfo
Les arguments sont malhonnêtes. On présente des chiffres en venant nous dire n'importe quelles sondes Pitot auraient givré et même si on les avait changées, ça n'aurait rien changé. J'aurais aimé que le ministère public m'explique pourquoi, depuis qu'on les a changées, il n'y a plus d'incidents. Ils sont restés profondément muets sur cette question.
Une formation des pilotes sur le risque de décrochage de cet avion aurait pu forcément aider les pilotes à mieux appréhender la situation ?
On apprend quand on est pilote, à décoller et atterrir. Et tous les mois, on vous entraîne à décoller et atterrir. Et si vous n'avez pas réalisé un nombre minimum d'atterrissages et des décollages par mois, vous ne volez plus. Mais en revanche, pour le décrochage, aucun problème. Ce n'est pas nécessaire d'être entraîné, ni au décrochage, ni à la récupération du décrochage, ni à analyser la situation qui amène au décrochage. Il faut dire aussi que dans les manuels de formation d'Air France, on nous rappelle très clairement que chez Airbus, l'avion ne décrochant pas, il n'est pas nécessaire de former les pilotes.
Cette façon de requérir la relaxe pour Airbus et Air France, est ce que ça revient finalement à faire peser la responsabilité de l'accident uniquement sur ces pilotes ?
J'ai dit en plaidant devant le tribunal il y a deux jours, que je n’accablerai pas les morts pour exonérer les vivants. Le ministère public a fait fi de cette petite phrase.
Les réquisitions orales ne sont pas conformes non plus aux réquisitions écrites avant le procès. Ce virage à 180 degrés vous étonne-t-il ?
Depuis le début de cette instruction judiciaire, on a connu des hauts et des bas et les familles des victimes les subissent régulièrement. On a eu un non-lieu, on a eu une affirmation de ce non-lieu. On a huit semaines de débats au cours desquelles manifestement, un sentiment se dégage de responsabilité d'Air France et d'Airbus. Il y a le ministère public qui vient prendre le contre-pied de cette impression d'audience, de ces débats pour requérir une relaxe sur la base d'arguments que je trouve intellectuellement malhonnête et pour certains totalement faux. Le jugement sera rendu dans quelques mois. Le tribunal le rendra au nom du peuple français et en toute indépendance et impartialité. Je l'espère de tout cœur.
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