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Qui soutient encore Dieudonné ?

L'humoriste est jugé en appel, jeudi, pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination. Francetv info se penche sur ses supporters.

Yann Thompson

France Télévisions

Publié le 17/10/2013 13:16

Temps de lecture : 3min

Dieudonné lors d'une avant-première de son film "Antisémite", le 15 janvier 2012, au théâtre de la Main d'Or, à Paris. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Dieudonné M'Bala M'Bala ne devrait pas être seul devant les juges, jeudi 17 octobre. A l'occasion du procès en appel de l'humoriste, sa page Facebook a invité ses supporters à se rendre au palais de justice de Paris, dès 13 heures, "avec [leurs] ananas". En première instance, Dieudonné avait été condamné, en novembre 2012, à 20 000 euros d'amende pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination, pour deux vidéos diffusées sur internet. Dans l'une d'elles, il transformait la chanson d'Annie Cordy Chaud cacao en Shoah nanas.

Déjà condamné à plusieurs reprises, notamment pour des propos tenus lors d'un spectacle avec le négationniste Robert Faurisson, Dieudonné, ancien candidat aux législatives du Parti antisioniste, est décrié pour ses prises de position. Des associations multiplient les actions à son encontre. Malgré tout, les amateurs de ses spectacles continuent à le soutenir.

Un public varié…

"Pas de skin ou de look crâne rasé. Des hommes, des familles, des femmes de 50 ans, un jeune qui a l’air de sortir de la piscine", constate Rue89, en avril, à l'entrée de la salle parisienne de 200 places où Dieudonné joue son spectacle Fox Trot. Parmi eux, "des antisémites certainement, et d’autres qui pensent sincèrement que Dieudonné est le dernier des hommes libres, dans la provocation permanente".

Tous n'assument pas forcément de s'y rendre et ne se disent pas toujours d'accord avec les propos du comédien. Mais c'est "le seul humoriste qui ose encore, comme Desproges autrefois", affirme un spectateur. Au printemps dernier, ils étaient 1 500 spectateurs au Mans, 3 500 à Bordeaux. "Quand j’ai acheté la place, j’ai pris l’assurance annulation", glisse un participant bordelais à Sud Ouest, tant les mairies rechignent à accueillir les spectacles de Dieudonné.

… soudé autour de signes de ralliement

S'il attire des curieux, Dieudonné fédère aussi une communauté de fidèles, souvent jeunes, qui s'identifient à lui. Pour marquer leur appartenance au groupe, ils partagent le symbole de l'ananas, le geste du doigt levé (avec le slogan "Au dessus c'est le soleil") et, surtout, le geste dit de la quenelle. Ce dernier consiste à placer sa main ouverte sur son bras opposé tendu vers le bas, comme le montre une page dédiée sur le site de l'humoriste.

La quenelle est un signe de ralliement considéré comme une variante de bras d'honneur, de "fist fucking", voire un salut nazi déguisé. Pour Dieudonné, il s'agit d'un geste provocant contre "ceux d'en haut", destiné à exprimer une forme de contestation. En septembre, deux militaires ont déclenché une polémique sur le sujet, en se faisant photographier "glissant une quenelle" devant une synagogue parisienne.

Pour entretenir sa notoriété, Dieudonné peut compter sur le soutien de ses fans, qui assurent la promotion en ligne de ses spectacles ou font pression sur les mairies, selon La Charente libre. Des personnalités s'affichent à ses côtés ou miment le geste de la quenelle, comme Tony Parker, Nikola Karabatic ou Yannick Noah, dont des photos ont été recensées par Slate. Même Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen s'y sont mis. Certains ont, eux, répondu à un appel aux dons lancé par Dieudonné pour qu'il puisse racheter sa maison saisie par le fisc. Quand on aime…

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