Procès de Cédric Jubillar : les juges devront trancher sans aveux ni corps retrouvé

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Article rédigé par franceinfo - N. Perez, B. Laigle, M. Birden, S. Fel, L. Barbier. Édité par l'agence 6Médias
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Le procès de Cédrid Jubillar va ouvrir ses portes le lundi 22 septembre à Aldi. Malgré de nombreux éléments troublants, l'absence de preuves complique la prononciation d'une peine à son égard.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le regarder en intégralité.

Une mystérieuse disparition et une énigme jamais élucidée(Nouvelle fenêtre) depuis près de cinq ans : pas de corps, pas de scène de crime, pas d'ADN, pas d'aveu. Et un seul et unique suspect, Cédric Jubillar, le mari de la disparue. Pourtant, dès le lendemain de la disparition, le 16 décembre 2020, les gendarmes mettent en place un dispositif hors norme.

Des experts scientifiques vont passer deux jours dans la maison des Jubillar à la recherche du moindre indice. Des battues avec plus de 1000 bénévoles sont organisées. Les gendarmes vont sonder les rivières, les puits. Ils iront même jusqu'à ouvrir des tombes dans le petit cimetière de Cagnac-les-Mines (Tarn).

Des indices troublants mis pas de preuve formelle

Les toutes dernières recherches ont eu lieu dans une ferme où une centaine de gendarmes ont ratissé centimètre par centimètre, en vain. Dans l'enquête, les gendarmes tournent sans cesse autour du même faisceau d'indices : le téléphone de Cédric Jubilar, étrangement éteint la nuit de la disparition. La voisine, qui dit avoir entendu vers 23 heures les cris déchirants d'une femme. Louis, le fils des Jubillar, confirmera que ses parents se sont bien disputés ce soir-là. Des indices troublants, mais pas de preuves formelles.

Le peintre plaquiste de 38 ans, jugé instable et immature par les psychologues, a-t-il pu passer sous tous les radars ? L'un de ses plus proches amis ne croit pas à sa culpabilité. "S'il avait dû réussir à faire le crime parfait, je pense qu'il aurait fallu tout un tas d'éléments logistiques, toute une préparation dont je doute qu'il ait la capacité réelle, intellectuelle, à pouvoir organiser tout ça, matérielle à la mettre en œuvre, et surtout à tenir en échec des enquêteurs de la section de recherche de la gendarmerie", estime Cyril Hemardinquer.

L'accusé clame son innocence

Pour les avocats de Cédric Jubilar, les gendarmes se sont, dès le début, focalisés sur leur client, négligeant ainsi toutes les autres pistes. "C'est la pire erreur que vous pouvez faire quand vous êtes enquêteur, c'est d'avoir une conviction de départ et d'essayer à tous crins de faire coller des éléments à cette conviction. Au final, ils n'ont rien trouvé, ni corps, ni scène de crime, ni un commencement d'explication de ce qui a pu se passer cette nuit-là", commente Me. Emmanuelle Franck.

Mais les gendarmes en sont convaincus : Cédric Jubillar est bien le seul suspect. Selon une ancienne psychologue de la police criminelle, l'absence de preuves irréfutables ne disculpe pas un meurtrier. "Le crime parfait, c'est celui qui reste impuni. Et je pense aujourd'hui que c'est possible. Et des fois, ça va être aussi un coup de chance. Il y a plein de choses qui font qu'au début, l'enquête peut cafouiller ou partir pas sur le bon trajet et faire que tout ce temps perdu va profiter aux meurtriers", analyse Emma Oliveiro, psycho-criminologue.

Le procès lèvera-t-il toutes les zones d'ombre face à un accusé qui, depuis son incarcération, n'a jamais cessé de clamer son innocence ?

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