Procès Air Cocaïne : les pilotes "ne savaient pas et n'avaient pas à savoir ce qu'ils transportaient"
Pour Philippe Heneman, ancien président du comité de soutien des deux pilotes français impliqués dans cette affaire, "il est temps maintenant qu’ils puissent affirmer leur non-responsabilité dans l’enchaînement de ces événements."
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"C’était un vol commercial et le statut juridique de ce vol est en tout point comparable aux vols d’Air France ou de Corsair", affirme lundi 18 février sur franceinfo Philippe Heneman, ancien président du comité de soutien des deux pilotes français, alors que s'ouvre à Aix-en-Provence le procès de l'affaire dite "Air Cocaïne" devant une cour d'assises spéciale à Aix-en-Provence. Neuf personnes comparaissent, dont quatre Français et les pilotes, Bruno Odos et Pascal Fauret, arrêtés il y a presque six ans alors qu'ils s'apprêtaient à rejoindre la France dans un petit avion depuis la République dominicaine, avec à bord près de 700 kilos de cocaïne.
franceinfo : Qu’attendez-vous de ce procès en France ?
Philippe Heneman : J’attends que leur innocence soit reconnue et enfin proclamée. Ça fait six ans. Leur vie professionnelle mais aussi sociale est brisée. Il est temps maintenant qu’ils puissent affirmer leur non-responsabilité dans l’enchaînement de ces événements. Ils [Bruno Odos et Pascal Fauret] ne savaient pas et ils n’avaient pas à savoir ce qu’ils transportaient. C’était un vol commercial et le statut juridique de ce vol est en tout point comparable aux vols d’Air France ou de Corsair. Je cite ces deux compagnies puisqu’en septembre 2013 il y avait eu 1,3 tonne de cocaïne à bord d’un avion Air France au retour de Caracas, en 2013, plus de 100 kilogrammes de cocaïne de Saint-Domingue sur un avion Corsair. Les pilotes n’ont pas été inquiétés.
Les pilotes, qui affirment ne pas avoir été au courant de la présence de drogue, n’ont-ils pas à vérifier les valises ?
Bien sûr qu’on les regarde ! Il faut qu’on sache combien il y en a, combien elles pèsent, où elles se trouvent pour pouvoir équilibrer l’avion. Mais on ne regarde pas ce qu’il y a dedans, ce n’est pas de la responsabilité des pilotes. De plus ils avaient souscrit à une assistance de la part de Swissport, société connue mondialement, qui devait se charger des formalités de contrôle des bagages. Formalités qui, dans le cadre de l’aviation d’affaires, sont parfois allégées du fait du côté VIP.
Il y avait 680 kilos de cocaïne, d’après les autorités de la République dominicaine. Mais la drogue n’a pas été conservée pour une contre-expertise. Pour vous, cette drogue n’existe pas ?
20 à 40 millions d’euros, disent les spécialistes. Et pas de représailles sur un quelconque trafiquant présumé ? A Marseille, pour quelques kilos, des gens meurent. 680 kilos disparaissent et personne n’est inquiété, c’est déjà étrange. Mais là, un acte d’arrestation falsifié et des responsables locaux des "stups" locaux démis de leurs fonctions trois mois après, tout cela fait naître un doute très clair sur la nature du contenu.
Le procès qui s'est tenu en République dominicaine a-t-il été bâclé ?
C’était une farce. L’avocate m’a écrit à l’annonce du verdict en me disant que les droits des étrangers n’étaient plus garantis dans le pays. Il y avait une question à laquelle devait répondre le tribunal dominicain : le vol était-il un vol commercial ? J’ai personnellement témoigné lors d’un procès pour donner les éléments qui permettaient de le prouver. Cette question, il n’y en a pas une ligne dans les 400 pages du verdict. En revanche, on retient la déclaration le dernier jour du procès d’un témoin qui a été acheté par le procureur très officiellement pour étayer la thèse d’un immense réseau de narcotrafiquants, 46 personnes au moins en République dominicaine. Combien de Dominicains condamnés ? Trois.
Pour vous il s’agit d’un complot ?
Je n’aime pas la thèse complotiste. Je pense simplement qu’il y a eu une erreur d’interprétation sur la nature de cet avion, qu’ils pensaient pouvoir récupérer tranquillement. Avec, c’est mon avis personnel, un placement de drogues à bord de l’avion pour se refaire une image car la DNCD [la direction nationale du contrôle de drogues en République dominicaine] était sur la sellette à ce moment-là, ne maîtrisait plus l’ensemble du processus de captation et de redistribution de drogues. Manque de chance, c’est un avion commercial, manque de chance on était là pour le clamer haut et fort. Cela a mis quelques grains de sable dans ces beaux rouages dominicains.
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