Le tribunal se déclare incompétent pour juger Bastien Vivès, l'auteur de BD renvoyé devant la justice pour des images à caractère pédopornographique

L'auteur était accusé par plusieurs associations d'avoir réalisé des dessins à caractère pornographique de mineurs dans deux de ses albums, parus en 2018.

Article rédigé par franceinfo, Alice Galopin
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L'auteur Bastien Vivès devant le tribunal correctionnel de Nanterre, le 27 mai 2025. (HUGO MATHY / AFP)
L'auteur Bastien Vivès devant le tribunal correctionnel de Nanterre, le 27 mai 2025. (HUGO MATHY / AFP)

Le procès de Bastien Vivès n'a duré qu'une demi-journée. Le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) s'est déclaré, mardi 27 mai, territorialement incompétent pour juger l'auteur de bande dessinée, accusé par plusieurs associations d'avoir réalisé des dessins à caractère pornographique de mineurs dans deux de ses albums, parus en 2018. Les éditions Les Requins Marteaux, qui ont publié La Décharge mentale, et les éditions Glénat, pour Petit Paul, comparaissaient à ses côtés, pour avoir diffusé ces images.

"Aucune pièce du dossier ne permet de dire" que les faits poursuivis "se sont tenus dans les Hauts-de-Seine", a expliqué la présidente Céline Ballerini, qui a donc renvoyé l'affaire au parquet. Ce dernier a précisé à l'AFP qu'"en l'état, plus aucune juridiction n'est saisie" de ce dossier. 

Bastien Vivès encourait jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. Dans Petit Paul, il relate l'histoire d'un garçonnet avec un pénis démesuré, convoité par des adultes qui lui imposent des relations sexuelles. La Décharge mentale narre de son côté l'histoire de Michel, qui fait la connaissance de la femme de son vieil ami Roger et de ses filles, âgées de 10, 15 et 18 ans, avant d'avoir des rapports sexuels avec chacune d'elles.

"Les artifices pour ne pas parler du fond du dossier"

Dès l'entame de l'audience, mardi matin, la défense du dessinateur avait longuement plaidé l'incompétence du tribunal de Nanterre pour juger le prévenu, qui vit et travaille à Paris, et les maisons d'édition Les Requins Marteaux et Glénat, dont les sièges sociaux sont respectivement situés à Bordeaux et Grenoble. "Qu'est-ce qu'on fait à Nanterre ?", avait interrogé Richard Malka, qui représentait Bastien Vivès.

"Bien évidemment que le tribunal de Nanterre est compétent", lui avait rétorqué la procureure. Cette dernière avait fait valoir que Glénat possède des bureaux à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, où se tient, selon elle, une grande partie de l'activité de la maison d'édition. Une localisation qu'elle considérait comme suffisante pour juger l'ensemble des prévenus au tribunal correctionnel de Nanterre. 

"Vous trouvez tous les artifices pour ne pas parler du fond du dossier", avait lancé à la défense Laure Boutron-Marmion, avocate de l'association Face à l'inceste. "L'art n'est pas au-dessus des lois", avait pour sa part argué Céline Astolfe, représentante de la Fondation pour l'enfance. "On a un impératif de prévention du risque de pédocriminalité", avait-elle ajouté.

"Je ne regrette aucune de mes œuvres"

"Je n'avais rien à faire ici à Nanterre. S'il y a débat sur ces BD, ça doit passer dans des écoles d'art, dans des discussions, mais de manière ouverte", a commenté Bastien Vivès à la sortie du tribunal. "Je ne regrette pas du tout mes BD, je ne regrette aucune de mes œuvres", a insisté le dessinateur, qui juge que ce n'est "pas en interdisant des BD que vous arriverez à sauver des enfants".

"C'est une décision d'incompétence extrêmement sévère pour le parquet de Nanterre qui a donc utilisé des ressources policières et judiciaires pendant deux ans et demi pour rien", a également commenté son avocat, Richard Malka. "La représentation n'est pas l'approbation", a insisté l'avocat.

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